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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/535

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bande, large de 22 centimètres, est ornée de broderies : les broderies de la bande qui pend sur le devant représentent un pommier autour duquel, comme une spirale ne touchant pas le tronc de l’arbre, est un énorme serpent, la queue posée à terre, la gueule ouverte cueillant une pomme ; sur la bande qui pend derrière, la broderie placée au milieu, représente un calice, surmonté d’une hostie transpercée par un long poignard. Cette dalmatique est en soie blanche moirée ; la doublure est en soie noire, moirée. Chaque sœur est en cheveux et tient à la main une palme.

Quant au Souverain Patriarche, il est revêtu d’une tunique à petits carreaux, avec manches, presque collée sur le corps, tombant jusqu’aux pieds, et d’une deuxième tunique, plus large et sans manches, de couleur violette, tombant un peu au-dessous du genou, garnie au bas d’une bordure en large galon d’argent où pendent des petites clochettes d’or. Par-dessus, il a encore un vêtement plus court, tissu de lin entremêlé de fils d’or et de fils rouges ; une ceinture serre la taille ; sur les épaules, deux fortes agrafes, où sont des pierres précieuses. À l’instar du grand-prêtre des temps anciens, sa poitrine est ornée du hoschen ou pectoral, attaché par une chaîne d’or ; mais, au lieu d’y voir douze pierres représentant les douze tribus, des diamants y dessinent l’étoile flamboyante. Sa coiffure est une espèce d’énorme turban, avec une plaque d’or sur le devant, où sont gravés des signes cabalistiques.

Le visiteur, lui, n’a pas de costume spécial à revêtir. Mage Élu, il se borne à ceindre le tablier palladique, que mes lecteurs connaissent bien, et à passer en écharpe, sur son habit, le cordon de son grade, en soie blanche moirée, ayant au milieu, brodé en or, un triangle flamboyant à pointe en bas, avec le nombre 77 au centre.

Voici donc quelle est la cérémonie d’introduction de ce visiteur :

Après le tuilage habituel de la haute-maçonnerie, le garde extérieur du Souverain Conseil Patriarcal dit au Mage Élu :

Grazzin ?

Le visiteur répond :

Garizin.

La porte est ouverte ; le visiteur entre, salue l’assemblée en élevant trois fois la main gauche en l’air ; on dirait, à chaque geste, un gaucher qui va prêter serment ; puis, il fait deux pas en avant, et, après le second, tourne lentement sur lui-même, les bras étendus bien horizontalement.

Quand il est revenu à sa première position, regardant l’orient, il s’écrie de toutes ses forces :

Javan-Abaddon !

Tous les assistants alors l’acclament, en poussant en chœur ce cri :

Beamacheh-Bamearah !