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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/56

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Le lecteur a bien compris qu’il y a danger à se livrer, dans un but de divination, aux pratiques même les plus inoffensives en apparence. Dès qu’on agit contrairement aux prescriptions de l’Église, on est attiré par le démon toujours aux aguets, et l’on va vers lui, sans s’en douter, aussi bien par la chiromancie, la cartomancie et l’onéirocritie que par les œuvres de crime et de diabolisme direct.




CHAPITRE XXVI

Les œuvres manciques criminelles.




Il y a un an, au moment où j’écris ces lignes, on pendait, à la prison de Port-Louis (île Maurice), un individu, nommé Dianh ; coupable d’un crime horrible. Pour donner la date exacte, l’exécution est du 12 décembre 1892.

Ce Dianh, âgé de trente-cinq ans, né de parents africain et hindou, était un homme marié, père de cinq enfants. Dans le pays, il ne jouissait pas d’une trop mauvaise réputation ; cependant, le bruit courait : depuis quelque temps, qu’il était un adepte de l’occultisme. J’apprendrais qu’il appartenait à un des triangles de l’île Maurice, que je n’en serais nullement étonné.

Toujours est-il que Dianh était en rapports fréquents avec Lucif. Il s’occupait de mancique, faisait de l’astrologie, cherchait par tous les moyens à connaître l’avenir. Le cerveau troublé par le fanatisme occultiste, il poursuivait surtout un but : il voulait arriver à acquérir une influence surhumaine sur ses semblables. Un jour, à la suite d’évocations sans succès, il s’était mis à faire je ne sais quels calculs de sorcellerie, et avait fini par se convaincre que, pour parvenir à ses fins, il lui fallait boire le sang d’une jeune fille âgée de sept ans.

Il rechercha donc une enfant de cet âge, trouva une petite créole dans les conditions désirées, l’attira dans un endroit écarté, lui trancha l’artère carotide et se mit à boire sans frémir le sang chaud qui coulait des veines de l’innocente victime.

Persuadé alors que la puissance surnaturelle lui était acquise et qu’il pourrait en user dans un délai fixé également par ses calculs, Dianh eut l’audace de raconter à un de ses amis le crime dont il s’était rendu coupable, s’en glorifiant même. Celui-ci, épouvanté, s’empressa d’avertir la police.

Le scélérat fut donc arrêté, jugé, condamné à mort et pendu, comme je viens de le dire. L’exécution a eu lieu à huis-clos, selon l’usage anglais, et