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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/110

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Inspecteur Général, envoyé par le frère Albert Pike auprès de notre Directoire, et ce soir nous aurons, en son honneur, non pas ici, mais en dehors de Calcutta, une solennité à laquelle prendront part tous les grades de théurgie ; on baptisera, on fera une reconnaissance conjugale, selon les principes du palladisme en ce pays, c’est-à-dire avec le concours de fakirs et de dévadasis ; on terminera par une pompe funèbre théurgiste, dans des conditions qui vaudront bien une de ces manifestations divines que vous êtes désireux de voir.

Je connaissais par Carbuccia l’argot de la secte ; il s’agissait de parodier un baptême catholique, un mariage catholique, une cérémonie mortuaire catholique. Je le devinais sans peine ; mais en quoi, me demandais-je en moi-même, une parodie d’enterrement chrétien pouvait-elle équivaloir à une apparition d’esprit, à une scène surnaturelle infernale ?… Le frère Hobbs ne m’en dit pas plus long sur ce point.

Par contre, il s’offrit à me servir d’introducteur auprès du délégué de Charleston, dont l’acquiescement était indispensable pour mon admission exceptionnelle à la solennité. Cet inspecteur délégué se nommait Philéas Walder et était un des dix Mages Élus composant le Sérénissime Grand Collège des Maçons Émérites, qui est, autour de l’anti-pape, la contrefaçon du Sacré Collège des cardinaux.

Nous nous rendîmes à l’hôtel Adelphi où cet important personnage était descendu. Le frère Hobbs me présenta, en insistant sur la recommandation dont la carte de visite du frère John Campbell me faisait bénéficier. Philéas Walder m’accueillit, en gardant vis-à-vis de moi une certaine réserve.

Un être indéchiffrable, une vivante énigme, ce Philéas Walder. Quelques auteurs anti-maçonniques ont déjà parlé de lui et de ses collègues, mais d’une façon très vague. Mgr Léon Meurin, évêque de Port-Louis, dans son remarquable ouvrage paru tout récemment, la Franc-Maçonnerie synagogue de Satan, cite le fameux Grand Collège des Maçons Émérites, indique le nombre de ses membres, mais, dans la reproduction d’une « encyclique » de l’anti-pape Albert Pike, il supprime les noms, qu’il eût été intéressant de faire connaître au public, puisque voilà quelques-uns des hauts chefs secrets de la franc-maçonnerie universelle. M. Léo Taxil n’a pas fait d’allusion, que je sache, aux dix membres du Grand Collège de Charleston ; mais il mentionne, accidentellement, le frère W*** comme ayant organisé en 1881 les loges palladiques en France ; il consacre quelques pages à sa fille, mais toujours en ne donnant que l’initiale de son nom. Ces indications, trop succinctes, sont la preuve que M. Léo Taxil avait recueilli assez de renseignements sur les Walder, le père et la fille ; pourquoi n’a-t-il pas publié leurs