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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/164

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Maîtresse pour pouvoir passer au Palladium ; et, chez les femmes, la sélection s’opère avec encore plus de précautions que chez les hommes. En outre, le Palladisme des grades féminins n’a pas de Parfaits Triangles. La réunion des Maîtresses Templières, le plus haut degré du Palladium des dames, n’est qu’un Grand Triangle. Chez les sœurs palladiques, l’importance est donnée à la personne, et non au grade lui-même. Ainsi, la fille de Walder, et certaines autres Maîtresses Templières dont j’aurai à m’occuper, ont un pouvoir égal et, dans quelques cas, supérieur à celui des Mages Élus, mais uniquement à raison de leur situation personnelle et des services qu’elles ont rendus. Sophie Walder n’a au-dessus d’elle que le Souverain Pontife de Charleston ; son père, lui-même, s’incline devant ses ordres ; elle peut traiter de pair avec Adriano Lemmi, qui est pourtant le Grand-Maître de la maçonnerie italienne et le chef d’action politique universel, comme le fut Mazzini ; si, par impossible, un conflit s’élevait entre Adriano Lemmi et Sophie Walder, il n’est pas dit que c’est à celle-ci que le Suprême Directoire Dogmatique de Charleston donnerait tort. La Souveraine Grande Maîtresse du Lotus de France, Suisse et Belgique (titre de la fille de l’ex-pasteur) n’a pas seulement une histoire ; elle a aussi une légende ; les fanatiques du Palladium prétendent qu’elle n’est pas la fille de Walder, et qu’elle a été engendrée par Lucifer lui-même. Ceci est une pure folie ; mais la légende existe ; et, que Sophie vienne à mourir demain, elle sera sûrement mise sur les autels des arrière—loges, elle aura sa statue à côté du Baphomet.

Ah ! l’évêque de Port-Louis, le vaillant et érudit Mgr Meurin, a bien raison de s’écrier : « Il faut dévoiler le Palladisme, qui est l’organisation et la direction satanique de la franc-maçonnerie ! » Il a eu raison de faire appel à qui aurait la hardiesse d’arracher tous les masques.

Je relis ces lignes que, dans son récent volume, il consacre à Albert Pike, l’anti-pape inconnu des profanes et même des neuf dixièmes des francs-maçons, et j’affirme hautement, moi témoin, que Mgr Meurin a dit vrai :

« La franc-maçonnerie est une sur tout le globe, sous des formes innombrables, mais sous la direction suprême du Souverain Pontife de Charleston » ; voilà ce qu’écrit le savant et courageux prélat, et c’est là la vérité absolue, vérité que personne encore n’avait osé dire.

Et Mgr Meurin ajoute :

« Charleston est la Rome provisoire de la synagogue de Satan. Le grand-maître du Suprême Conseil de Charleston est son Pape, le Vicaire de Lucifer sur la terre, aspirant à résider un jour dans la véritable Rome. Le Grand Collège des Maçons Emérites est son Sacré Collège de Cardinaux ; les Souverains Commandeurs des Suprêmes Conseils ou des