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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/212

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La grande-maîtresse. — Midi a sonné, il y a déjà trois heures, et il est jour de vendredi.

Le grand-maître. — Puisqu’il est l’heure de la justice, chevaliers mes frères, et vous, chevalières mes sœurs, je proclame que le Grand Triangle des Maîtresses Templières, sous le titre distinctif de la Paix Profonde, en la vallée de Singapore, est ouvert… À moi, frères et sœurs !

Tous les assistants frappèrent deux coups dans leurs mains et dirent fortement : — Caïn ! Caïn !

Le grand-maître. — Très illustre chevalier grand-lieutenant, pour quelle raison sommes-nous assemblés aujourd’hui ?

Le grand lieutenant. — Pour offrir un sacrifice à notre Dieu.

Le grand-maître. — Est-ce là le seul but de notre réunion ?

Le grand lieutenant. — Nous voulons enseigner aussi à une Élue du Palladium comment nous châtions un traître.

Le grand-maître. — Quelle est la sœur chevalière Élue qui aspire à l’honneur de se joindre au Grand Triangle des Maîtresses Templières de Singapore ?

Le grand lieutenant. — C’est la sœur Arabella D***, ici présente, venant à nous sous le patronage du frère D*** (son père !) et de la sœur S*** (sa tante !).

Le grand-maître. — Quel est le nom maçonnique de la récipiendaire ?

Le grand lieutenant. — Idouna-Fréki.

Spencer (le grand-maître) frappa un coup de maillet ; tout le monde s’assit, sauf la récipiendaire.

Le grand-maître, à miss Arabella. — Sœur Idouna-Fréki, nous apprenons avec grande joie votre désir de parvenir à la pleine et entière connaissance de la vérité ; mais ne craignez-vous pas que son éclat ne soit trop fort pour vos yeux ?

Miss Arabella. — Non, très puissant grand-maître.

Le grand-maître. — Aucune épreuve ne vous fera-t-elle reculer ?

Miss Arabella. — Aucune.

Le grand-maître. — Sachez alors que nous allons reprendre le récit de la vie de Jésus au point où nous l’avions laissé, lors de votre initiation au grade d’Élue… Vaillante et très éclairée grande-maîtresse, ma sœur et mon égale, veuillez donner une première instruction à la postulante.

La grande-maîtresse. — Très parfaite sœur Idouna-Fréki, votre zèle nous a été signalé, et tous, tant que nous sommes ici, nous en avons été vivement touchés. Nous croyons pouvoir compter plus que jamais sur votre énergie, sur votre discrétion et sur votre vertu. Vous allez donc apprendre le sens naturel de la résurrection de Lazare, dont il ne vous a été révélé jusqu’à présent que le sens politique… Et d’abord, dites-moi