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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/241

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nemi, l’orgueilleux révolté, déchu et maudit ; c’est à lui qu’ils élèvent des autels sous le nom de Bouddha ou de Fo. Or, n’inclinerait-on pas à supposer que les démons, après leur chute du ciel, ont réellement paru en Chine ? Je ne veux pas dire qu’ils aient habité ce pays, qu’ils y aient procréé ; non certes. Mais ils ont pu jeter leur dévolu sur cette contrée, y bouleverser la nature, puisqu’on y trouve tant de rebours dans l’ordre animal et l’ordre végétal ; ils ont pu en faire leur terre de prédilection.

Il me semble (et c’est là mon humble avis personnel) que le Maudit a trouvé là, dès les premiers âges, des peuples qui sont devenus immédiatement ses auxiliaires dans l’œuvre du mal ; car ces peuples, de tout temps, ont caché, sous les dehors d’une civilisation raffinée, une sauvagerie plus raffinée encore ; Satan n’a eu qu’à apparaître à ces populations lâches, hypocrites et cruelles, pour en être adoré.

La Chine, opprobre du globe terrestre, a été et est encore le parvis, l’entrée de l’enfer dont chaque marche est teinte du sang et jonchée des corps mutilés des milliers de martyrs, des milliers de soldats de Dieu qui y ont combattu le bon combat ; et c’est, malgré tout, avec lenteur encore et avec la plus grande peine, que la parole sainte pénètre en ce pays, le plus rebelle aux conversions dans le monde entier.

Autre remarque, qui a son importance :

Personne, parmi ceux qui ont observé quelque peu le satanisme maçonnique, n’ignore la prépondérance donnée à ce qu’on est convenu d’appeler le « milieu ». La loge des Maîtres se nomme « Chambre du Milieu » ; parmi les symboles, « l’Arbre du Milieu » revient constamment. Or, comment les Chinois qualifient-ils leur pays ? quelle est sa dénomination religieuse, officielle ? La Chine est dénommée « Tchong-Koué », ce qui signifie Empire du Milieu, et est qualifiée de « Tchong-Whouà », c’est-à-dire Fleur du Milieu.

On dira peut-être qu’il n’y a là qu’une simple coïncidence. Je demanderai alors pourquoi en Chine les temples de la religion nationale sont quadrangulaires et orientés selon les quatre points cardinaux, exactement comme les temples maçonniques. N’y a-t-il là encore qu’une vulgaire coïncidence ?

Il est bien évident que la religion nationale de la Chine n’a point copié la franc-maçonnerie, laquelle n’a pas encore deux siècles d’existence. D’autre part, il est plus que probable que la franc-maçonnerie ne s’est aucunement préoccupée de se conformer aux rites chinois. Il y a donc, à n’en pas douter, un même esprit qui a présidé à ces différentes organisations.

Ainsi, il n’est nul besoin d’être un grand clerc pour comprendre que ces gens qui, depuis tant de siècles, croupissent à un tel point dans les