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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/247

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porte de la lamaserie souveraine, acclamé par les bouddhistes qui sont là réunis par plusieurs centaines de mille. On le voit s’avancer tout nu et peint en rouge feu : il marche avec calme ; arrivé auprès d’un grand bloc de pierre sculpté, appelé la « chaise du diable », il s’y étale tout de son long. Aussitôt, les clameurs des fidèles s’arrêtent comme par enchantement.

Le chef des paspas, jouant le rôle de sacrificateur, s’avance, armé d’un coutelas, vers le Dalaï-Lama, qui l’attend avec la plus grande tranquillité du monde, couché le ventre en l’air sur la chaise de granit, et il lui ouvre le ventre net, d’un seul coup.

Pas une goutte de sang ne s’écoule de la plaie béante.

Aussitôt, le Dalaï-Lama se relève, se met sur son séant, les jambes accroupies, la figure souriante et calme ; et alors, avec sa main, il dévide ses propres intestins, qui se répandent jusque sur le siège de pierre.

Les chants, les vociférations, les coups de tam-tams et de gongs, de recommencer. De nouveau, comme précédemment, des fanatiques se blessent, se mutilent, s’entaillent le corps de différentes façons. Puis, sur un mot d’ordre, cette multitude innombrable d’hommes se range en procession et défile devant le Dalaï-Lama ; c’est à qui touchera avec la main ses intestins qui gisent là, c’est à qui y frottera des morceaux de linge ou d’étoffe, que leur superstition diabolique leur fera considérer désormais comme bénis et sacrés.

Après quoi, le défilé terminé, les paspas remettent purement et simplement en place les intestins dans le ventre du grand pontife, après les avoir seulement un peu lavés à l’eau fraîche.

Le Dalaï-Lama, son ventre recousu, doit sortir et sort vivant de cette épreuve : en vingt-quatre heures, la plaie est réunie par première intention, selon le terme chirurgical ; et les prêtres de Bouddha annoncent dans toute la Chine, dans tous les pays tributaires où cette religion maudite est pratiquée, que le Dalaï-Lama est guéri et vit.

Dès lors, il est bien, aux yeux de tous, le représentant de l’esprit du feu.

Ce que je viens de rappeler, après tant d’explorateurs de ces contrées, prouve bien jusqu’à l’évidence qu’une des plus grandes régions du globe est vouée au satanisme, d’une façon absolue, et que là un culte public est rendu aux mauvais esprits.

Mais, ce que je me suis proposé en écrivant ce livre, ce n’est pas de décrire les fausses religions pratiquées publiquement. Aussi, je ne m’arrêterai pas plus longtemps au bouddhisme tel qu’il est compris par le peuple. Mon but est de montrer, de démasquer l’occultisme, que l’on rencontre partout. Ainsi, l’occultisme chinois, c’est la San-ho-hoeï, qui