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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/252

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fer se révoltent contre Dieu et déchu pour devenir démon sous le nom de Satan. La différence entre le dogme chrétien et la légende chinoise, c’est que la déchéance de Zi-ka n’a duré que cent soixante-seize ans.

Le génie Zi-ka, cédant un jour à une pensée d’orgueil et profitant de ce que Tcheun-Young s’était absenté du ciel de feu pour aller, à l’extrémité des univers jusqu’alors créés, lancer dans l’espace trois nouvelles comètes, Zi-ka, dans un accès de vanité, eut l’audace de s’asseoir sur le trône divin, momentanément libre.

Pour punir cette irrévérence, le dieu supérieur expulsa de son ciel le génie Zi-ka et le condamna à vivre désormais dans le corps d’un simple humain, et borgne, par-dessus le marché.

Cet exil commença en Chine. C’est ainsi que Zi-ka naquit en un en faut sujet aux misères humaines, dans le pays qui est la province de Kiang-Sou et non loin de l’endroit où est aujourd’hui la ville de Shang-Haï.

Tout d’abord, Zi-ka, gardant rancune au dieu Tcheun-Young, ne s’humilia pas devant lui, n’eut aucune velléité de repentir. Sans passer cependant au culte du dieu-diable, il persista dans son insoumission. Il s’irritait d’être banni du ciel de feu, et l’idée ne lui venait pas de demander pardon au Dieu Bon qu’il avait offensé ; il menait ainsi une vie sombre, rongée par une sourde colère ; son cœur était plein d’amertume : il n’était pas heureux.

Au temps où il atteignit sa trentième année, il vivait parmi les laboureurs dispersés dans cette région et particulièrement parmi ceux de la plaine où maintenant s’élève Tong-Ka-Dou.

Un jour, il réunit le peuple, et il dit :

— Vous adorez un dieu que vous ne voyez pas ; je vais vous en donner un que vous verrez, et qui, tout en étant de matière visible et palpable, sera vraiment surnaturel et divin.

Il est bon de savoir que le don d’opérer des prodiges n’avait pas été retiré à Zi-ka.

Alors, il se fit apporter de l’eau, dans de grands vases, et il imposa les mains sur cette eau ; et à chaque imposition des mains, l’eau se cristallisait en flocons de neige, se tassait, se durcissait au lieu de fondre, bien qu’on fût au milieu de l’été.

Lorsqu’il eut ainsi formé des quantités considérables de neige, il en prit une poignée, dont il forma une boule qu’il lança en l’air de toutes ses forces. La boule monta à soixante ou quatre-vingts mètres environ, et, arrivée là, à la stupéfaction générale, elle s’arrêta net, sans que son poids la fit retomber.

Il lança de la même manière, sans discontinuer, sans se lasser, sans