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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/260

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— Combien donc font trois fois sept ?

— Trois fois sept, répondra l’interrogé, s’il est initié, — cela fait dix-huit.

Étant admis que le nombre trois est sacré, il faut toujours le retrancher du produit réel, une fois, mentalement. En d’autres termes, on doit garder secret le nombre trois et ne dire que l’excédent.

Il peut arriver aussi que deux initiés, se sachant membres de la Sen-ho-hoeï, se rencontrent ; mais l’un d’eux est accompagné d’un troisième Chinois, qui n’est peut-être pas un frère luciférien. Comment découvrir si cet inconnu n’est qu’un profane ?

La question habituelle de demande relative à la bonne santé sera posée à son compagnon :

Hao ? pou-hao ?

Ce qui veut dire : « Bien ? ou non-bien ? » équivalant à notre : « Comment vous portez-vous ? »

Entre frères de la San-ho-hoeï, cette question a un autre sens. Elle signifie : « L’homme qui est avec vous est-il un frère ou non ? »

On comprend facilement quelle sera la réponse.

S’agit-il d’un profane, l’interrogé répondra : Pou-hao, non bien, il ne l’est pas. S’agit-il d’un affilié, il répondra : Hao, bien, il l’est.

Cependant, il peut se faire que l’interrogé, distrait ou ne songeant plus à la portée mystérieuse de la question conventionnelle, réponde bien ou non-bien, suivant que réellement il est en bonne ou en mauvaise santé. Pour parer à l’inconvénient qui résulterait de cet oubli de la part de l’interrogé, l’interrogant pose ensuite une deuxième question, qui est celle-ci :

— Pourriez-vous me prêter trois sapèques ? — en expliquant que, par négligence, il est sorti de chez lui sans la moindre monnaie.

Cette fois, l’interrogé aura certainement compris.

Trois sapèques, équivalant en tout à cinquante-cinq centimes de notre monnaie, forment donc une très minime somme.

N’importe, l’interrogé répondra qu’il est pris au dépourvu, qu’il a oublié son argent chez lui, en un mot, qu’il est désolé de ne pouvoir rendre le petit service que son ami lui demande.

Forcément, alors, le troisième Chinois interviendra, s’il est un profane, pour offrir les trois sapèques. Au contraire, s’il est affilié à la San-ho-hoeï, il gardera le silence, et, comme négligemment, prenant l’extrémité de sa natte à la main gauche, il la frottent trois fois avec le bout des doigts de la main droite.

Un autre signe de reconnaissance, dans le Rite Céleste, consiste à tenir son parapluie ou parasol renversé, c’est-à-dire la tête vers le sol, lorsqu’on le porte sous le bras, plié.