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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/314

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l’époque des premières discussions sur cette formule, d’adopter celle-ci : « Dei Optimi Maximi ad Gloriam », c’est-à-dire : « À la gloire du Dieu le meilleur et le plus grand », phrase luciférienne qui est d’une clarté remarquable. Et ce pauvre M. Rosen prend Albert Pike pour un athée !…

Voici, en effet, quelle est la situation de M. Rosen dans la franc-maçonnerie : malgré sa radiation par une loge ; on le reçoit encore, — je veux dire, les frères servants, le reçoivent, — quand il se présente au local du Gland-Orient de France ou du Suprême Conseil, pour se procurer des renseignements, des imprimés maçonniques quelconques. Les frères servants ont l’ordre de lui faire bon accueil et de feindre d’ignorer sa radiation ; et alors c’est à qui lui passera des renseignements de la plus haute fantaisie. C’est ainsi qu’on lui a fabriqué une prétendue réception de Garibaldi au 33e degré à Palerme, le 5 avril 1860, avec un discours adressé censément par le grand-maître Anghera audit Garibaldi pour lui donner l’instruction secrète, pour lui révéler les secrets de ce grade ; et M. Rosen a bien ingénument publié ce discours fabriqué tout exprès pour lui par des frères fumistes, ignorant ce point qui a son importance : c’est qu’à l’époque (avril 1860) où il fait recevoir Garibaldi au 33e degré, celui-ci n’avait pas grand chose à apprendre en fait de maçonnerie, attendu qu’il avait reçu déjà non seulement les grades philosophiques, mais même tous les grades cabalistiques des dernières arrière-loges jusqu’au 92e degré inclusivement, attendu qu’à cette époque même il était, depuis plusieurs années, le souverain grand-maitre et grand hiérophante du Rite de Memphis pour tous les pays du globe, et que, par conséquent, Anghera avait plutôt à apprendre quelque chose par Garibaldi que d’avoir à lui enseigner le moindre secret.

Dans son premier livre de révélations, M. Rosen cite, à plusieurs reprises, un ouvrage maçonnique d’Albert-Georges Mackey, où il puise toutes sortes d’arguments en faveur de la thèse qu’il soutient. Il donne ces extraits, et chaque fois il met en note au bas de la page : « Tiré du Lexicon of Freemasonry, par Albert-Georges Mackey, grand secrétaire du Suprême Conseil de la Juridiction Sud des États-Unis. » M. Rosen fait au moins vingt citations de cet ouvrage. Or, le Lexicon of Freemasonry existe bien ; mais il n’est pas d’Albert-Georges Mackey, qui, au surplus, n’a jamais écrit une ligne de publication maçonnique quelconque, et qui n’a jamais été grand secrétaire du Suprême Conseil de la Juridiction Sud des États-Unis. M. Rosen s’en est rapporté au frère servant, à qui il avait glissé la pièce, en le priant de lui copier quelques extraits de cet ouvrage maçonnique qui est à la bibliothèque du Suprême Conseil de Paris ; le frère servant a empoché l’argent de M. Rosen, et l’archiviste du Rite Écossais s’est fait une douce joie de mystifier son frère 33e