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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/343

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le Lexicon of Freemasonry, publié pour la première fois à New-York, en 1845. Cet ouvrage fait autorité dans le monde des sectaires ; il est, aujourd’hui encore, aux États-Unis et en Angleterre, le vade-mecum de tout bon franc-maçon. Un autre ouvrage très important du docteur Mackey est celui qui porte pour titre The Mystic Tie (la chaîne mystique), datant de 1849, édité à Charleston.

J’ai dit plus haut qu’en janvier 1859 Gallatin Mackey se fit l’interprète de tous les grands électeurs du Suprême Conseil de Charleston en proposant l’élévation d’Albert Pike à la souveraine grande-maîtrise. Jusqu’à sa mort, le docteur fut le lieutenant, le second, l’alter ego du chef suprême, sous le titre de grand secrétaire du Suprême Conseil ; leurs deux âmes étaient étroitement unies. Pike, soit qu’il habitat Little-Rock, soit Memphis, soit Washington, dirigeait tout en dernier ressort ; mais il savait qu’il pouvait s’en rapporter entièrement à Mackey pour les diverses questions d’administration du rite et du Suprême Directoire.

Au surplus, ils avaient entre eux, pour toutes les communications urgentes et importantes, une médiation dont j’aurai à parler plus loin et qui sort complètement de l’ordre des choses naturelles. Ils ne disposaient entre eux de messagers sûrs, dévoués jusqu’à la mort, fanatiques jusqu’au crime, que pour le transport de documents de l’un à l’autre ; mais, pour tenir conversation à cent cinquante et deux cents lieues de distance, ils n’avaient nullement à recourir au téléphone. Et, de même, le chef suprême communique, quand il le veut, sans que sa voix ait à passer par aucun fil ou câble électrique, avec le Souverain Directoire Exécutif, à Rome, avec le Souverain Directoire Administratif, à Berlin, et avec les Grands Directoires Centraux de Washington, de Montevideo, de Naples et de Calcutta.

Du docteur Gallatin Mackey, il faut citer encore, en fait d’ouvrages maçonniques fort appréciés des sectaires : son History of Freemasonry in South Carolina (1861) ; le Manual of the Lodge (1862) ; le Masonic Ritualist (1867) ; le Symbolism of Freemasonry (1869) ; l’Encyclopædia of Freemasonry (1874), et le recueil Masonic Parliamentary Law (1875). L’avant-dernier ouvrage est le plus important de tous.

Ces quelques lignes qui précèdent étaient nécessaires, afin que le lecteur sût bien que le F∴ Gallatin Mackey a été aux États-Unis un auteur sacré dans la franc-maçonnerie, exactement comme le fut en France le F∴ Ragon. Ce n’était pas un simple secrétaire d’un comité ; il était réellement et effectivement le bras droit du chef suprême.

Aussi, quand il mourut, Albert Pike prit le deuil et le garda pendant onze mois lunaires.

Tous les journaux américains inféodés à la franc-maçonnerie ont