Aller au contenu

Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/360

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rencontrait même en dehors de ceux-ci, et les affaires particulières du Rite Écossais. Ceci va être prouvé par une relation authentique.

Le 20 octobre 1884, Albert Pike, parlant comme grand-maître du Rite Écossais pour la juridiction sud des États-Unis, rendait compte, aux membres du Suprême Conseil de Charleston, de ses dernières pérégrinations à travers l’immense territoire de la république. N’oublions pas que l’homme était alors un vieillard de soixante-quinze ans, et voyons le chemin qu’il a parcouru et ce qu’il a fait au cours de cette tournée générale.

Voici en quels termes il s’exprime :

« — Je vous dirai, d’abord, mes très illustres frères, un mot d’un petit voyage préliminaire de l’automne 1882. Je partis seul de chez moi vers la fin d’octobre, le 30, pour retourner à Washington le 29 décembre. Dans ces deux mois, j’ai visité tour à tour Charleston, Savannah, Augusta, Athènes, Atlanta, Macon, Montgomery, Saint-Louis et Louisville.

« L’hiver passé à Washington, je repartis au printemps, c’est-à-dire le 1er avril 1883. Cette fois, notre cher trésorier général, l’excellent frère Webber, voulut bien m’accompagner. Notre absence devant être assez prolongée, nous nous en remettions de grand cœur à nos très illustres frères maçons émérites, membres de notre Sérénissime Grand Collège, qui étaient certes capables et dignes de nous suppléer. Nous emportions, au surplus, l’Arcula Mystica, afin d’être en mesure de correspondre toujours à notre volonté avec notre lieutenant grand commandeur, avec notre grand secrétaire et avec les Directoires.

« Nous visitâmes Richmond, Chattanoga ; nous revîmes notre chère Memphis ; de là, nous descendîmes à Jackson, puis à la Nouvelle-Orléans, où nous nous procurâmes quelque repos. Partout, nous visitions nos frères. Nous primes ensuite le chemin de fer du Pacifique, et, après une courte station à Franklin, nous pénétrâmes dans le Texas. Dans cet état, je fondai un atelier de perfection[1] à El-Paso. Nous traversâmes, sans nous arrêter, le Nouveau-Mexique. Dans l’Arizona, je fondai un autre atelier de perfection à Tuckson.

« Alors, nous arrivâmes en Californie. Le frère Webber m’accompagna encore de San-Francisco à San-José et m’assista dans les travaux que j’eus à accomplir. À San-José, nous nous séparâmes, et j’eus avec moi le frère Caswell, très dévoué, jusqu’à Suisun. Mon intention était de voir en sa compagnie divers autres centres californiens ; mais il avait con-

  1. Au-dessus des loges symboliques, qui travaillent uniquement aux trois premiers degrés (Apprenti, Compagnon et Maître), se trouvent ce qu’on appelle les loges de perfection, c’est-à-dire les ateliers où les frères choisis comme les plus aptes à découvrir le secret des secrets sont poussés dans la voie des perfectionnements ; ces ateliers de perfection préparent les élus de la première sélection à entrer dans les arrière-loges : chapitres de la Rose-Croix, conseils de Kadosch.