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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/42

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grade de Kadosch, mot hébreu qui signifie « consacré », les francs-maçons se vouent à la glorification du gnosticisme, que l’anti-pape Albert Pike définit ainsi : « Le gnosticisme pur est l’âme et la moëlle de la franc-maçonnerie. »

Ajoutons que les mystères du gnosticisme ancien sont connus depuis longtemps, ont été publiés par les érudits. Eh bien, entre la Gnose des premiers âges de l’Église et l’occultisme moderne, il n’existe aucune différence, je l’ai constaté.

Le principe fondamental du gnosticisme était la divinité double ; c’est exactement la thèse théologique de l’occultisme moderne. Les gnostiques prétendaient que le dieu bon était Lucifer et que le démon était le Christ ; ce que nous, chrétiens, nous appelons le vice, était pour eux la vertu ; au dogme chrétien ils opposaient la gnose, mot qui signifie « science humaine ». Ainsi, en tout, ils prenaient le contrepied de l’enseignement de l’Église, comme les Old-Fellows, les Ré-Théurgistes Optimates, les Fakirs lucifériens et autres occultistes du dix-neuvième siècle, dont j’ai visité pendant onze ans les assemblées.

Les réunions gnostiques, secrètes, poussaient à la dépravation ; les adeptes s’y livraient à toutes les turpitudes. À ce sujet, et en ce qui concerne l’occultisme moderne, je garderai le silence ; car j’écris un livre qui pourra être lu par tout le monde. Mais, pour démontrer que la Gnose est réellement satanique au premier chef, je me borne à rappeler que l’obscénité voulue, recherchée, raffinée, est la marque probante de l’influence directe de l’archange déchu ; tous les théologiens sont d’accord sur ce point.

Bien plus, la magie était pratiquée par les gnostiques ; ils évoquaient les défunts, les esprits malins, absolument comme les occultistes de ce siècle-ci. Le christianisme naissant était fécond en miracles ; pour le combattre, les disciples de la Gnose avaient recours aux prestiges diaboliques. À cet égard encore, les spirites contemporains, avec leurs tables parlantes, avec leurs apparitions démoniaques, ne sont-ils pas des gnostiques sous un autre nom ?

Le gnosticisme avait ses docteurs. Tel, Basilide, d’Alexandrie, qui vivait à la fin du premier siècle et au commencement du second. Basilide enseignait la métempsychose. Pour peu qu’on étudie son système, on remarque qu’il a de nombreux points de ressemblance avec celui des spirites du dix-neuvième siècle : ceux-ci n’ont rien inventé ; ils copient le gnosticisme jusque dans sa théorie de la transmigration des âmes. « Je suis Platon réincarné », affirmait Basilide. J’ai vu, moi qui écris ces lignes, des occultistes prétendre qu’ils étaient Robespierre ou Francklin revenus sur terre. Quiconque a pénétré dans les réunions de