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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/425

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entièrement dorée, sur laquelle se détache en lettres d’argent la devise : « Quære et invenies. » À peine le néophyte a-t-il posé le pied sur le seuil que la porte dorée s’ouvre d’elle-même, et il n’a plus qu’à pénétrer dans le Sanctuaire de la Vraie Lumière, nommé encore Oratoire ou Sanctuaire des élus du Dieu-Bon.

C’est une chapelle carrée, mesurant sept mètres sur chacun de ses côtés. Au fond, se trouve l’autel de la divinité palladique (voir page 309), autel d’une richesse inouïe. Lucifer, ailes déployées, semble descendre du ciel : de la main droite, il élève un flambeau ; de la gauche, il répand les fruits de la terre, qui s’échappent d’une corne d’abondance. La statue repose uniquement sur le pied droit, qui foule un monstre à triple tête de crocodile. Une des trois têtes du monstre porte un diadème impérial, symbole de la royauté, la tête du milieu est couronnée d’une tiare pontificale, emblème de la papauté ; la troisième tête, tenant une épée dans la gueule, symbolise la tyrannie militaire. Lucifer, orné du cordon et du tablier palladiques, a auprès de lui l’aigle au diadème de fer. L’idole est en or massif, très artistement ciselé ; le dieu est environné de nuages en argent, le tout compris dans un triangle délimité par sept colonnes du plus beau marbre. Tout à fait au fond, on remarque, au sommet, un triangle lumineux et renversé tranchant sur des nuées noires, et d’où jaillissent des éclairs. Au-dessous de l’idole principale et sur la table de l’autel, il y a trois statuettes représentant Belzébuth (au milieu), ayant auprès de lui une sphère terrestre qu’enlace un serpent, Astaroth avec un médaillon où figure une tête de taureau, et Moloch avec un médaillon où figure une tête de lion ; Belzébuth élève la main droite pour montrer Lucifer qui arrive, Astaroth tient une rose et Moloch une hache. Onze colonnettes supportent l’autel. Sur la large épaisseur du marbre formant entablement, on lit ces mots : « Introïbo ad altare Dei Optimi Maximi », qui constituent la première phrase de la messe blanche ou messe luciférienne selon le grand rite.

Le néophyte, qui a su choisir la bonne porte, parvient donc au sanctuaire, réfléchit de nouveau, et est désormais fixé sur le secret des secrets ; il est mûr pour devenir Hiérarque, et il a l’avantage d’être initié à Charleston même.

Les autres, ceux qui se sont vainement promenés à travers les dédales du labyrinthe, sont ajournés. On les fait assister, dans le courant du trimestre, à une conférence sur les bienfaits divins du feu éternel ; après quoi, l’expérience est renouvelée. Si cette fois l’un d’eux n’a pas compris encore que la Porte Ignis est la seule conduisant à la vraie lumière, il demeure Kadosch du Palladium et jamais il ne sera promu Hiérarque.