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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/454

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de Lemmi, profita de l’absence du docteur pour faire inscrire comme Suprême Conseil faisant partie de la confédération écossaise universelle celui qui était en train de se constituer à Rome sous la bannière de Tamajo et autres dissidents reniant l’autorité de Riboli. Il usa pour cela d’un artifice, auquel les membres du convent se laissèrent prendre. Il se garda bien de dire qu’une dislocation du Suprême Conseil d’Italie s’opérait à ce moment même ; il déclara, comme si c’était une chose parfaitement convenue entre tous les chefs de l’écossisme italien, que, par une décision toute récente, le Suprême Conseil transférait son siège de Turin à Rome ; il eut soin de faire cette déclaration juste au moment où le couvent dressait le tableau des puissances maçonniques écossaises confédérées, et de cette façon ce fut le Suprême Conseil dissident qui fut inscrit par supercherie sur le tableau envoyé par le convent à toutes les loges et arrière-loges écossaises du globe, et non le véritable Suprême Conseil, celui de Turin.

On voit d’ici la grimace qu’esquissa Timoteo Riboli, quand il reçut ce tableau, arrêté à titre définitif par les nombreuses puissances maçonniques représentées au convent de Lausanne ; il faillit en faire une maladie ; mais il se rebiffa cependant, et avec énergie. Après le convent, lequel avait chargé le Suprême Conseil de Suisse des impressions et des communications générales entre les puissances confédérées, Tamajo obtint du dit Suprême Conseil un décret (18 mars 1879) qui maintenait au tableau l’inscription telle qu’elle avait été faite. Riboli eut ainsi à lutter longtemps ; Lemmi soutenait en sous-main le Suprême Conseil de Rome, où son influence s’exerçait par Castellazzo. Néanmoins, Riboli persévéra dans ses revendications. Loin de se soumettre à une décision qu’il savait bien avoir été prise grâce à un subterfuge, il créa des loges et arrière-loges nouvelles en opposition avec le Suprême Conseil de Rome ; telle fut, par exemple, la Loge-Modèle, fondée à Florence par le colonel d’artillerie Eduardo de Bartoloméis, le docteur Teofilo Gay et le professeur Domenico Margiotta. Le sénateur Tamajo, sentant sa situation ébranlée, dut venir en personne à Lausanne, accompagné de Mauro Macchi et d’Antonio de Facci, ses lieutenants, pour s’expliquer ; et finalement gain de cause fut donné à Riboli, par un décret ainsi conçu :


« Le Suprême Conseil de Suisse, pouvoir exécutif de la confédération (écossaise),

« 1° Considérant les observations qui lui ont été présentées par le Suprême Conseil d’Italie, siégeant à Turin ;

« 2° Vu les articles 8,10 et 11 du Traité d’Union ;

« Déclare abrogé le Décret du 18 mars 1879, émanant dudit Suprême Conseil de Suisse, pouvoir exécutif de la confédération des Suprêmes Conseils du Rite Écossais fonctionnant dans les conditions stipulées par le Convent universel de Lausanne, de 1875. »