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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/477

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destinée à combattre et à détruire la Papauté et bref délai ; j’expliquerai le fonctionnement et tout le secret mécanisme de cette infernale machine de guerre, qui sape et démolit graduellement le catholicisme en Italie, préparant ainsi l’avènement du jour où Lemmi et ses complices espèrent faire décréter par les pouvoirs publics l’expulsion du Souverain Pontife et des cardinaux hors de la péninsule. Il y a eu des complots ; je les dévoilerai ; quels que soient les coupables, je les nommerai.

Est-ce à dire, pourtant, que tout franc-maçon italien trempe dans le crime, soit qu’il s’agisse d’un assassinat brutal à commettre, soit qu’il s’agisse de se livrer aux œuvres diaboliques du palladisme ?… Non, certes. Il en est qui se tiennent en dehors des intrigues de Lemmi et consorts ; qui, soupçonnent peut-être ou ignorant complètement le fond satanique de la doctrine secrète, restent étrangers aux triangles ; qu’un caractère ardent, exalté même, a conduits à la secte, ou qui, au contraire, d’un tempérament enclin à une bénignité excessive, y sont entrés sans méfiance et n’ont pas l’énergie nécessaire pour secouer le joug. Ceux-là sont égarés dans un milieu, dont forcément ils se retireront un jour ou l’autre, les ardents par un brusque retour à la vérité, les timides par lassitude. Ces maçons, à l’âme honnête, que la corruption de leur entourage n’a point pervertis, ne sont pas nombreux, il est vrai, surtout dans les hauts grades ; mais ils existent.

Je citerai, entre autres : Cavalotti, un très loyal garçon, sincère ami de la France, littérateur éminent, au cœur épris d’idéal ; Bosdari, député d’Ancône, doux comme une fillette ; le poète Margiotta, de Palmi, écrivain distingué, doublé d’un érudit ; le major Gattorno, de Gênes, brave comme l’épée, mais d’un aveuglement déplorable en tout ce qui n’a pas trait à la vulgaire probité. Sur ce point, Gattorno est incapable de la moindre faiblesse ; pour rien au monde, on ne lui aurait fait donner la main à l’infect Bordone, un des gros bonnets de la secte, qu’il traitait carrément, en loge et ailleurs, d’escroc, de voleur, de filou.

Par contre, il convient de signaler une basse classe d’agents maçonniques, absolument méprisables ; ils forment une catégorie d’espions d’un genre à part, d’une espèce à la fois dangereuse et répugnante. Ce sont les pseudo-faux-frères. Leur bande, disséminée dans tous les pays, joue un rôle inavouable, sous les ordres directs du Chef d’Action politique ; car c’est Lemmi qui a imaginé ce mécanisme secret, dont il met en mouvement les divers rouages, assez convenablement graissés par le Souverain Directoire Exécutif de Rome. Et voici comment ils fonctionnent :

L’agent secret de Lemmi, celui qui a été choisi pour la malpropre besogne que je dévoile, est toujours un juif. Pike s’appuyait volontiers sur les protestants ; Lemmi, juif lui-même, leur préfère ses coreligion-