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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/511

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du centre de la croix satanique ; le nombre total des tours qui surmontaient le temple de Baïon est de cinquante, elles avaient en élévation la forme d’ogives très aiguës, et leur caractère particulier consistait principalement dans une sorte de masque dit de Brahma, lequel comporte les quatre têtes de l’occultisme luciférien, mais ces têtes sont de proportions colossales à Enthipat. Parmi les ruines de l’antique ville, des Khmers, on remarque encore quelques débris du palais royal, muni de fossés immenses, de terrasses d’une grandeur invraisemblable supportées par des éléphants, des géants et des monstres, tous merveilleusement énormes autant que fantastiques, et défendues par des lions et les têtes en éventail du roi-serpent ; enfin, il faut citer ce qui reste du sanctuaire dit de Baphoum, avec ses trois enceintes sacrées, surmontées de tours de hauteur variée, et dont l’ensemble, d’un aspect original au possible, forme une pyramide d’aiguilles, c’est-à-dire de pointes ogivales très aiguës, ayant à la base 120 mètres de chaque côté. Je n’en finirais pas si je voulais décrire encore la pyramide de Ta-Kéo et ses cinq tours colossales, le sanctuaire d’Eckdey, celui de Ta-Prohm, la citadelle du même nom, le temple de Préa-Khan, la montagne pyramidale de Bakeng, couverte de tours prodigieuses, de terrasses et d’escaliers garnis de lions monstrueux, et le célèbre temple d’Angkor-Wat, situé à trois kilomètres d’Enthipat.

Voilà ce que tout explorateur peut voir dans le royaume de Siam ; et ce n’est rien encore auprès de ce qui se découvre tous les jours au Cambodge ; là, l’immensité architecturale se joint au diabolisme.

Ce qui ressort de ces restes étonnants, c’est, je le répète, la preuve de la démonolâtrie de ce peuple extraordinaire. Monstrueux par son industrie, ce peuple l’était aussi par son intelligence et son nombre ; sa civilisation raffinée a eu comme une répercussion en Chine, où le feu grégeois, la boussole, la poudre, l’imprimerie ont été connus bien avant de l’être des nations européennes. Et, vice inséparable de l’éloignement du vrai Dieu, l’orgueil devait dévorer les anciens Khmers et les peuples du monde d’Hoëckel : statues colossales, divinisation de l’homme d’abord, puis de la bête, architectures de proportions qui semblent surhumaines, et tant d’autres nombreux témoignages gravés et sculptés dans ces pierres immenses qui ont résisté à l’usure et au temps, tout l’atteste bien haut, tout le démontre victorieusement.

Qui peut dès lors, devant cet incommensurable orgueil constaté par les traces qu’il a laissées, s’inscrire en faux contre cette hypothèse si plausible, que l’homme de ces régions en était arrivé rapidement à la méconnaissance de Dieu, puis, de chute en chute, à l’adoration de l’archange des ténèbres et de ses démons, et que de la sortit cette abo-