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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/527

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Et, reprenant ma marche en avant, je le laissai ; le pauvre bonhomme de guide n’était nullement rassuré sur mon sort.


Grâce à mes notes précises, je n’eus pas à procéder à beaucoup d’investigations, et j’arrivai rapidement au terme de mon excursion, c’est-à-dire à la salle quadrangulaire où l’on ne pénètre qu’en connaissant le secret de la Chambre du Milieu. Le confrère palladiste m’avait donné l’itinéraire fort exact ; n’importe qui pourra le suivre, parmi ceux de mes lecteurs qui auraient l’occasion en la curiosité d’aller à Gibraltar.

Lorsque je fus dans la dernière salle, je constatai les excavations latérales qui m’avaient été annoncées ; on aurait vraiment dit des niches, de différentes grandeurs, attendant leurs statues. Je tâtai avec mon bâton celles qui étaient à ma portée ; au bout de mon bâton, frappant dans tous les sens, je sentis la pierre, nulle part le vide. Alors, je suivis les instructions que j’avais reçues ; je me plaçai entre le lustre central et la muraille du fond de la salle, et je criai à trois reprises le mot sacré des Hiérarques :

Baph !… Baph !… Baph !…

Une voix, sortant de la muraille, me répondit :

— Qui es-tu ?

C’était le tuilage à distance. Je répliquai, et ce dialogue s’engagea, sans que je pusse distinguer où se tenait mon interrogateur :

— Je suis, répondis-je, un visiteur envoyé par le suprême grand-maître.

— Ou vas-tu, frère ?

— Aux cavernes du feu sacré.

— D’où viens-tu ?

— Des temples du feu sacré.

— Quel est ton but, en pénétrant jusqu’ici ?

— M’instruire, m’édifier, et fraterniser avec les bons ouvriers spœléïques.

— À qui crois-tu ?

— Au Bon Principe de toutes bonnes créatures et de toutes bonnes choses.

— Que sais-tu ?

— Tout ce que doit savoir un visiteur des cavernes du feu sacré.

— Quel âge as-tu ?

— Je suis né il y a onze ans sous le signe de l’étoile du matin.

— Fils de mon maître, tu es mon maître ; ordonne, et j’obéirai.

Vulcain !

Caïn !