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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/564

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a des ramifications, des sous-comités d’études et de pratiques dans tous les pays allemands et jusque dans les colonies de l’empire actuellement.

C’est le culte luciférien pratiqué sous le couvert de la science et avec son appui, on le voit.

Je donne tout de suite ces détails rapides, que je ne savais pas, bien entendu, à ce moment, mais que j’ai appris plus tard.

Nous entrâmes. En bas, au bas de l’escalier, un jeune homme, à qui nous nous nommâmes, prit nos cartons verts, en disant à l’un de ses collègues :

— Voici deux étrangers de passage ; conduisez-les, je vous prie, au président.

Nous montâmes l’escalier à la suite de notre guide ; le géant, lui, nous avait abandonnés, et nous fûmes reçus sur le seuil d’une grande salle par un homme d’un certain âge déjà, aux longs cheveux et aux grands yeux bleus un peu en boules de loto, abrités derrière des verres de lunettes en or, d’une finesse remarquable.

Nous lui remîmes nos cartes de visite, sur lesquelles il jeta un coup d’œil rapide, s’arrêtant tout à coup sur le nom de mon voisin.

— Oh ! oh ! fit-il ; notre éminent collègue le professeur Hans Sundström, de Stockholm !… Très flatté, très flatté !

Et il s’inclinait de cette façon compassée et raide avec laquelle le Prussien naît et qu’il ne perd jamais.

— Très flatté ! répétait-il, faisant signe à quelques personnes dans la salle, qui s’empressèrent d’accourir.

Il y eut là, alors, sur le seuil même de l’amphithéâtre, des présentations à n’en plus finir.

Der herr professor Hans Sundström, von Stockholm, disait le vieux ; puis, successivement, autant du moins que j’ai pu retenir les noms au moment où il les prononçait en les présentant au suédois : Otto von Emmenthal, professeur de physique ; Schlagel, assistant du professeur Kopf ; von Rathschwarz Kopfen, médium écrivain ; Beningsen, spirite, professeur à l’école spirite du Thiergarten-Bittermaüe ; Liebermann, etc., etc.

Et chaque fois on s’inclinait. Je dois à la vérité d’avouer que le docteur Bataille[1] passait un peu inaperçu dans ce groupe d’hommes carrés barbus, chauves et lunettés, qui, tous, paraissaient saisis d’une grande admiration pour le herr professor Hans Sundström, de Stockholm, lequel était, en effet, on va le voir, une des lumières du spiritisme suédo-norvégien et peut-être lapon, quelque peu chinois même. Mais tout cela va s’expliquer.

  1. Pour des raisons que j’ai indiquées à la fin du chapitre XVI, le lecteur comprendra que je n’ai pas d’autre nom à faire figurer dans cet ouvrage.