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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/566

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grand nombre, qui scintillaient, et des lunettes d’or en plus grand nombre encore, qui scintillaient aussi. La salle était, d’ailleurs, très bien éclairée par de nombreux becs de gaz entourés de globes dépolis, étagés derrière les spectateurs et tout autour de l’hémicycle.

En avant, un espace vide, avec des chaises, des guéridons, deux tables massives de chêne, d’autres objets encore, devant une sorte de table ou de chaise derrière laquelle était un tableau noir très grand. Sur la chaise des appareils de physique en grand nombre, dynamomètres, baromètres, sphygmographes, etc., etc., enregistreurs de toute nature, on le voit.

Nous pouvions être là 300 à 400 personnes environ ; à peine deux ou trois femmes, assez jeunes encore et à l’œil intelligent. Onze heures sonnèrent, tintant lentement. Aussitôt, un grand silence se fit, pendant que l’homme qui nous avait reçus à la porte, le président de la Germania, prenait place, descendant des gradins dans l’hémicycle derrière la table. Autour de lui vinrent se grouper, assis, les gens auxquels il nous avait présentés.

Le président déclara la séance ouverte et donna la parole au secrétaire, — un grand escogriffe blond, presque albinos, et d’une maigreur invraisemblable, — pour la lecture du procès-verbal de la précédente réunion, à laquelle d’ailleurs rien ne s’était passé d’important ; les expériences avaient été laissées de côté pour les discussions théoriques filandreuses et en baudruche, dont les allemands ont la spécialité, on le sait.

Le procès-verbal lu et approuvé, le président prit la parole.

« — Très distingués messieurs, dit-il, la science allemande, vous le savez, se flatte d’être et est en effet à la tête de la science du monde entier. Chez nous autres Allemands, rien de spéculatif, rien d’hypothétique, des faits, rien que des faits, toujours des faits. Personne d’entre vous n’ignore que les découvertes de ces dernières années dans le domaine de la physiologie, de l’anatomie et de l’histologie cérébrales et médullaires sont entièrement d’origine allemande, que c’est à l’Allemagne, en définitive, que le monde doit la connaissance des maladies et des localisations du cerveau et de la moelle.

« Qui avant nous, en effet, avait montré que l’apoplexie était une simple hémorrhagie cérébrale, la rupture d’un anévrysme de la sylvienne, de la grosseur à peine d’un grain de mil ? qui avait découvert cette irrigation du cerveau et partant cette division en territoires ? qui, enfin, avait trouvé et isolé au microscope les cellules pyramidales gigantesques si caractéristiques de la substance grise et par conséquent du mouvement ? Mais je m’arrête, très distingués messieurs, mon rôle n’est pas de vous apprendre ce que vous savez mieux que moi.

« Eh bien, cette méthode rigoureuse que la science allemande a mise au