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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/582

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l’imagination surexcitée peut amener un homme à un état des plus extraordinaires. Quant au troisième, M. le docteur Bataille, il a été neutre au point de vue du spiritisme, mais actif à un autre point de vue, n’est-ce pas ? fit-il en se tournant de mon côté. (Je m’inclinai en signe d’acquiescement.) Nous ne nous occuperons donc de lui que pour lui demander le concours de ses lumières et le résultat de ses impressions.

« Vous remarquerez, messieurs, que tout ici semblait combiné pour remplir les meilleures conditions d’authenticité et de véracité (et ici le président répéta la réflexion que j’ai faite au lecteur précédemment), à savoir : concours de trois individus, l’un ayant une notoriété pratique, le deuxième une notoriété scientifique et le troisième étant tout au moins un indifférent ; tous trois venus de trois points différents et ne se connaissant en aucune façon.

« Eh bien, ces conditions de sécurité si particulières et en apparence si probantes font que précisément vous venez d’assister à une jonglerie, très remarquablement d’ailleurs dirigée.

« Ce premier point posé, messieurs, il me reste à vous l’établir.

« On vous a dit que l’âme immortelle entrait en communications avec le corps périssable, au moyen d’un intermédiaire, le peresprit. Au moment de la mort, l’âme quitte aussitôt le corps et va où ?… Deux alternatives se posent, mais que je ne ferai qu’indiquer ; tous ici, nous savons à quoi nous en tenir sur ce point. Deux mots désignent ces alternatives, concrètent ces principes contraires : Adonaï ou Lucifer. Dieu ou le Diable, comme disent les bonnes gens dont l’obscurantisme obstrue encore le faible cerveau.

« Quant au corps, il se putréfie, cela est palpable, visible, et il retourne en les éléments primitifs, accidentellement réunis, dont il était la résultante provisoire et précaire.

« Dès lors, que devient l’intermédiaire ? le peresprit ?… Passez-moi le mot : s’il ne va ni au royaume de Lucifer ni au royaume d’Adonaï, il faut supposer qu’il reste « dans la lune », n’est-ce pas ? (Rires)

« Non, vous répondront les pseudo-spirites, mille fois non ; avec l’autorisation de l’Être Suprême (qu’ils n’expliquent pas), ce peresprit, ce fluide impondérable qui représente l’ex-corps, se promène à travers les espaces planétaires, parait, disparaît, se fluidifie, se vaporise, se volatilise, ou bien se concrète et s’épaissit. Malléable, en un mot, de mille façons diverses, il entre ainsi en communication possible avec le monde que ses deux coassociés de tout à l’heure, corps et âme, ont abandonné définitivement.

« Telle est, messieurs, tracée dans ses grandes lignes, bien entendu, la doctrine du prétendu spiritisme, telle est sa théorie d’ensemble. Ce