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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/607

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à la maçonnerie féminine palladique, qu’elle est par conséquent embrigadée et classée régulièrement au nombre des sectaires qui composent l’armée humaine de Lucifer sur cette terre. Peut-être cependant l’est-elle ; je n’en sais rien. Peut-être tout récemment s’est-elle fait initier, soit à Naples, soit à Charleston, et a-t-elle reçu la lumière de Maîtresse Templière ; cela est possible. Cependant, si cela était, comme Sophie Walder, comme la Ingersoll, elle aurait une autorité parmi les sectaires ; elle fréquenterait des triangles ; enfin, comme ces dernières et d’autres, elle serait extatique. Or, — comme nous le verrons plus tard, quand nous saurons ce qu’il faut entendre par l’extase diabolique et ce qui la différencie de la possession extatique ordinaire, — Eusapia ne l’est pas.

Et c’est là, précisément, la principale caractéristique des Vocates Procédants ; c’est d’être lucifériens sans être encore palladistes, mais d’avoir été remarqués, puis choisis par l’esprit des ténèbres, de procéder vers lui après avoir été appelés, et, dans cette voie de progression, d’entraîner les autres que la curiosité attire, et qui, tôt ou tard, eux aussi, tombent dans l’abîme de l’initiation et de la participation au Palladisme, révélé et observé, comme une religion.

Mais, puisque cette apparition toute récente, cette révélation, si je puis ainsi m’exprimer, d’Eusapia Paladino, m’a permis de citer au lecteur un exemple frappant, authentique par des savants connus, un exemple d’aujourd’hui et pas même d’hier, cette question si importante des Vocates Procédants éclaire d’un jour subit tous ces problèmes, insolubles et incompréhensibles au premier abord, du spiritisme et de ses manifestations ; aussi, le lecteur voudra bien me permettre de rétrograder de quelques pas et de lui donner une des clefs de ce mystérieux Orient, de cette Inde et de cette Chine dont je lui ai brusquement, au début de mon récit, dévoilé la monstrueuse et irréligieusement sanguinaire orgie.

Il m’y a suivi, je le sais, m’accordant une confiance qui m’honore et dont je suis fier : il m’a suivi, étonné, bouleversé, transporté tout à coup et de plainpied dans des horreurs insoupçonnées, et il a été ébranlé, ébloui, fantasmagorié, cherchant vainement de ces abominations une clef qui lui échappait.

Il doit cependant commencer à comprendre, à présent qu’il connaît l’existence du Palladisme et qu’il sait quel en est le véritable inspirateur, le vrai chef.

Voilà pourquoi l’Inde et la Chine fourmillent de jongleurs, d’escamoteurs, de bouddhistes ; voilà pourquoi le protestantisme anglais s’y installe et y prospère : c’est parce que tous ces états de corps ou d’âme, toutes ces professions ou toutes ces religions prétendues, ne sont en dé-