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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/646

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cœur bat, l’estomac digère, indépendamment du cerveau, indépendamment de ses ordres et de sa volonté, et nous avons affaire ici véritablement à l’homme des prétendus libres-penseurs, à l’homme purement végétatif, à la bête dont les fonctions sont à la merci des conditions physiques, chimiques ou pathologiques du milieu ambiant, sans que le cerveau ait à intervenir et, dans le libre arbitre de l’âme, commander à la fonction physiologique ou à la maladie, en disant : oui ou non.

Il y a donc, on le voit très nettement, deux choses en nous : l’homme, l’âme, d’abord ; puis la bête, le cerveau et les ganglions sympathiques.

Les mêmes conditions et dissemblances que nous venons de rencontrer dans l’anatomie et la physiologie des deux systèmes nerveux, nous allons les rencontrer dans leur pathologie, c’est-à-dire dans leurs maladies.

Tandis que, en effet, les maladies du cerveau et de la moelle sont bien connues dans leurs causes comme dans leurs effets ; tandis que l’on sait parfaitement qu’à la lésion de telle ou telle zone, de tel département nerveux, de tel territoire médullaire nettement délimité, correspond telle ou telle maladie : à l’hémorrhagie territoriale du cerveau, par exemple, l’apoplexie mortelle ou la paralysie hémiplégique avec ou sans hémianesthésie, suivant la branche de la sylvienne atteinte dans les ventricules ou dans la capsule interne ou externe ; à la sclérose médullaire primitive ou consécutive, telle celle du faisceau pyramidal descendant, et suivant la zone malade, l’hémichorée post-hémiplégique, la contracture inguérissable, l’athétose ou des autres formes de tabes ; à celle des cornes antérieures de la moelle, l’ataxie ; tandis que l’on sait aussi que toutes ces formes, en apparence si diverses, des maladies médullaires procédant au fond de la même lésion, sclérose conjonctive étouffant l’élément noble, ne varient dans leur expression phénoménale que suivent la zone atteinte et sont en définitive inguérissables, c’est-à-dire évoluent fatalement ; par contre, des maladies du système nerveux du grand sympathique on ne connaît encore rien.

Pas de lésions appréciables dans ce département nerveux, et pas de maladies précises, à symptomatologie nette et arrêtée, dans ce domaine non plus, où tout semble devoir se passer avec calme et tranquillité, deux qualités qui sont bien la caractéristique et l’apanage de la vie végétative et bestiale.

Mais voilà que tout à coup, au milieu de cette animalité végétative, et cela à l’insu même du sujet, inconsciemment et sans que le cerveau y prenne la moindre part causale, une tempête éclate soudaine et inattendue dans ce même domaine médullaire et organique jusque-là indifférent et passif. L’estomac ne digère plus ou digère trop, il ne mange