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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/668

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comme en une vibration perpétuelle, les jambes sur la pointe des pieds, les talons en l’air, ou encore, celui qui consiste, les genoux étant à côté, à les choquer l’un contre l’autre ; ou lorsqu’ils sont croisés, à lancer indéfiniment et par petites secousses la pointe du pied en avant ; les autres mouvements incohérents des jambes ne sont pas des tics hystériques, mais bien du domaine des différentes maladies de la moelle épinière.

Les tics du bras, les tics du geste sont, eux aussi, infinis.

Je signalerai d’abord l’élévation d’une ou simultanément des deux épaules, le geste de hausser les épaules comme pour se moquer de quelqu’un ; ce tic s’accompagne souvent d’un autre, qui consiste en une contorsion du bras, comme si quelque chose gênait dans la marche, ou dans un lancé du bras, accompagné du « coup de la manchette ». Quelques-uns serrent constamment leurs bras au corps, comme s’ils avaient froid.

Puis, vient la série des gestes que l’homme affligé de tics exécute sur lui-même ou à l’occasion de lui-même. Dans cet ordre d’idées, présentons les « gratteurs » ; légion sont ceux qui se grattent la tête, le nez, l’oreille, le lobule particulièrement, le front, l’œil, le coin externe surtout, y compris celui qui pince sa manche sur l’avant-bras et frotte comme s’il grattait d’un petit mouvement lent et continu. Après les gratteurs, nous avons les « coiffeurs », les « friseurs » : cheveux, barbiche, moustaches, sourcils, cils même, tout en un mot ce qui est poil sur la tête ou la face est tourné, tiraillé, frisé, coiffé, crêpé, lustré, en un geste de réflexion, lentement ou rapidement exécuté ; dans cette catégorie il faut aussi ranger le « mangeur de moustaches », celui qui, après les avoir soigneusement épilées et consciencieusement tiraillées ou tordues, en introduit les extrémités, les pointes, entre ses dents, et les mordille jusqu’à les couper.

Le « rongeur d’ongles ou de petites peaux des doigts » est aussi légion, en y ajoutant ceux qui passent leur vie à se nettoyer le nez, ainsi que les « téteurs de pouce. »

Une masse de gens sont gesticulateurs dans le vide, c’est-à-dire exécutent de petits gestes qui n’ont ni rime, ni raison. De ce nombre sont ceux qui se passent rapidement la main devant le front, la joue ou le nez, comme s’ils voulaient chasser des mouches ; ceux qui mettent la main à une certaine distance de leur bouche, comme pour ne pas cracher sur les passants ; ceux enfin qui se les frottent constamment d’un air satisfait, ravi, enchanté.

Les « digitaux » aussi sont nombreux, c’est-à-dire ceux qui remuent, par tic nerveux, les doigts de différentes façons. Les uns serrent le poing, les autres semblent rouler de la mie de pain ; d’autres enfin se grattent la pulpe des doigts avec l’ongle. Ces différents tics s’exécutent à une ou à deux mains.