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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/670

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Vous les connaissez bien, ceux qui, pendant tout le cours de la conversation qu’ils ont avec vous, vous touchent, vous pelotent, vous énervent. Citer leurs spécialités, c’est les indiquer suffisamment. Qui de nous n’en est journellement victime ? Parmi eux signalons : les « brosseurs », les « épousseteurs », les « arracheurs de boutons ou de fils », enfin les « tapeurs sur le bras ou l’épaule », dont le tic se répète jusqu’à contusion.

Loin d’être inoffensifs et amusants, ou simplement agaçants comme les premiers, les « peloteurs » sont nocifs et constituent un véritable fléau. Cependant, on ne peut leur en vouloir ; ils ne sont pas coupables, mais inconscients, impulsifs, irrésistibles et sans défense eux-mêmes contre la névrose fruste dont ils sont victimes.

Nous venons de passer en revue toute une catégorie d’hystériques inconscients ; car il est évident qu’il ne faut classer dans cette liste que ceux qui sont absolument indemnes de toute tare anatomique, telles que lésion de dentition, malformation des os de la face ou de la langue, maladies osseuses ou nerveuses médullaires, auxquelles ils doivent les irrégularités fonctionnelles que nous avons vues. Ceux-là ne sont pas des hystériques, mais des estropiés, dont la fonction n’est plus intègre par altération de son organe actif. Mais aussi ceux-là sont, disons-le tout de suite, infime minorité à côté de ceux qui, indemnes absolument au point de vue anatomique, doivent leur tic inconscient et irrésistiblement impulsif (alors que les précédents ont au contraire conscience de leur infirmité) à un trouble du système sympathique réagissant sur le cérébro-spinal, à une hystérie, par conséquent, diminuée à ses débuts, fruste ou larvée, mais à une hystérie dont nous pouvons, à l’aide des premières données que nous avons sous les yeux, comprendre maintenant et la cause et la genèse et la marche.

Mais ce n’est pas encore tout ; et, dans le domaine des formes frustes de l’hystérie, il nous faut relever d’autres particularités encore.

Nous venons de voir la forme fruste du geste ; un mot maintenant de la forme fruste de la pensée.

Certaines personnes lisent ; tout à coup, au beau milieu d’une page, instantanément, leur raison s’obnubile ; il y a inhibition subite, leur lecture continue, mais sans la participation de la pensée, en inconscience absolue à présent. Quelques secondes à peine se passent, et le retour de la conscience a lieu ; le malade secoue légèrement la tête, cligne deux ou trois fois des yeux, et revient à lui. Il en est de même dans la conversation : une absence cérébrale momentanée rompt le fil, repris sans apparence de cessation quelques secondes après.

Et que dire maintenant des actes ?… N’en citons qu’un, il est clas-