Aller au contenu

Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/688

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tout à coup parler, idole dont les yeux d’émeraude s’animent et inondent le fakir d’une lumière verte que son corps garde par une imprégnation réelle et persistante, après que les yeux de l’idole se sont éteints ; voilà tout autant de faits qui relèvent absolument du surnaturel.

En deux mots, l’hypnotisée peut atteindre à l’extraordinaire, mais ne le franchit pas. Elle exécute tout ce que dit le savant abbé Méric, dans son remarquable ouvrage dont j’ai cité un extrait ; c’est déjà beaucoup, mais c’est tout. Que l’hypnotiseur lui donne à boire de l’eau pure en lui déclarant que c’est de l’absinthe, et elle trouvera à cette eau le goût d’absinthe ; bien plus, elle sera ivre réellement, sans aucune simulation ; mais cette eau pure qu’elle tient dans un verre et qu’elle va boire, elle ne pourrait la changer réellement en absinthe, quelque insistance que mettrait l’hypnotiseur à lui en donner l’ordre. Elle paraîtra supprimer en elle toutes les lois de l’équilibre et marchera au bord d’un toit, penchée vers la rue, et sans tomber ; mais elle ne se fluidifiera pas, elle ne passera pas au travers d’un mur. Enfin, durant toute la crise, comme avant et après, elle ne cessera pas d’être en chair et en os ; il lui sera impossible de s’évaporer, de disparaître instantanément, à Paris par exemple, pour réapparaître et se reconstituer, instantanément aussi, à Shang-Haï ou à Montevideo.


Ces observations faites, je termine ce chapitre par les quelques remarques que j’ai promises relativement à la folie, et nous aborderons immédiatement l’étude des démoniaques.

Si, de parti-pris, on a voulu confondre hystériques et démoniaques, si on le veut encore, dans un but anticatholique et pour faire obstacle à ce qui est de foi dans l’enseignement de l’Église, combien plus facilement d’aucuns ne se gênent guère pour arguer que le démoniaque, le possédé est un simple fou.

Eh bien, il y a là encore tout un diagnostic différentiel à faire et à établir, à la suite duquel il ne sera pas possible de confondre l’un avec l’autre, les premiers avec les seconds.

Je vais donc, et en quelques mots rapides, dire au lecteur ce qu’il y a lieu de penser sur ce point et comment il faut scientifiquement comprendre et interpréter la folie.

Je serai très court et très clair :

Il y a, tout d’abord, une grosse erreur à détruire, qui a cours très communément dans le public.

Pour les trois quarts des gens, en effet, le fou est un monsieur qui se livre à toutes espèces d’extravagances, d’incohérences, qui crie, pleure, rit, saute, bondit, casse, brise, jette, et cela alternativement, sans s’arrê-