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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/694

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postérieurs et de nos jours, les possessions sont plus rares. Les exorcismes sont réservés aux prêtres, qui ne peuvent même les entreprendre qu’avec l’autorisation de l’évêque. — Les exorcismes des catéchumènes (adultes ou enfants) sont de la plus haute antiquité : le concile de Carthage, en 255, en parle comme d’une chose connue ; de même Tertullien. On peut en démontrer l’usage habituel dans le baptême, en Orient et en Occident, depuis le quatrième siècle. La conviction qu’a l’Église que quiconque n’est pas régénéré pour le royaume de Dieu appartient au royaume des ténèbres a produit cet usage liturgique. L’Église ne pense en aucune façon, dans ces exorcismes, à une possession corporelle du catéchumène par le diable ; mais, sachant que celui-ci ne cesse de méditer notre perte, elle l’adjure de rendre au Dieu trois fois saint l’obéissance qui lui est due, et de cesser à jamais toute tentative pour retenir le catéchumène sous l’empire du péché ou pour le rendre infidèle à l’alliance de Jésus-Christ. — Parmi les bénédictions qui sont liées à des exorcismes depuis les temps les plus reculés se trouve la consécration des saintes huiles, faite solennellement par l’évêque le jeudi-saint. Les huiles consacrées ce jour-là ont une haute destination : elles servent à oindre les nouveaux baptisés, les confirmés, les malades, les prêtres et les évêques dans leur ordination, à sacrer les rois et les empereurs, à consacrer les églises, les autels, les calices, à bénir les cloches. L’évêque, en exorcisant les huiles, ordonne au malin esprit de se retirer de ce qui est saint, et de ne pas répandre son souffle envenimé là où le Tout-Puissant manifeste sa présence par ses bénédictions. La seconde bénédiction qui est précédée d’un exorcisme est celle de l’eau bénite : les motifs sont les mêmes.

Le démon, jusqu’à la venue du Fils de Dieu, a passé pour invincible. Il a exercé sa tyrannie pendant quatre mille ans. C’était seulement dans un petit coin de la Judée que la religion du vrai Dieu bannissait les impiétés du culte de cet usurpateur ; encore avait-il trouvé moyen d’y entrer. Si dans Jérusalem on offrait des victimes à l’Éternel, Satan s’en faisait offrir dans les bois et sur les collines. Mais quand Jésus-Christ vint au monde, il fallut céder la place. Jésus-Christ le chassa du corps des possédés.

Il s’agit de bien comprendre la nature de ces possessions diaboliques, telles qu’elles existent dans une des phases les plus tristes de la vie humaine.

Substantiellement, le démon ne peut jamais demeurer dans l’âme ; sa volonté ne saurait envahir le fond le plus intime de la volonté humaine. Seulement, il peut pénétrer dans la sphère de ses facultés, la conquérir insensiblement, ou l’envahir par une attaque subite, ou encore