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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/771

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du sphénoïde, l’horizontalité du regard, la dentition, les membres, le bassin, les conditions d’équilibre du tronc, la musculature, etc., etc., des animaux sont semblables ou ne diffèrent que très peu sensiblement des choses identiques que l’on trouve chez l’homme ; et de cet ensemble elle conclut aussitôt à la descendance de celui-ci de l’animal.

Pourquoi pas, dirai-je, et par les mêmes raisons, à la descendance de l’animal de l’homme ? Pourquoi, puisqu’elle est en opposition avec la Bible, qui dit que l’homme a été le dernier créé, est le dernier venu, accepte-t-elle cela, et ne démontre-t-elle pas, au contraire, — cela est dans la même manière de fausse logique, les mêmes raisons méritant pour ou contre, — que l’homme a été créé d’abord, ou a existé d’abord, et que les animaux descendent de lui ? Puisque tout dégénère, dit-elle, et se transforme, pourquoi n’y aurait-il pas eu un hasard créateur rétrograde au lieu de progressif ? L’une ou l’autre opinion se peuvent soutenir, quand on se base uniquement sur ce qu’on appelle des preuves anatomiques.

Il n’y a, au surplus, pas besoin d’être grand clerc pour tout cela. Il y a longtemps que le premier ou le dernier imbécile venu, en suçant un os de côtelette, ou en rongeant une vertèbre de mouton, un coccyx de poule, s’est aperçu de cette ressemblance ; mais, je le répète, je me demande en quoi, lorsque l’anthropologie m’aura scientifiquement démontré cette ressemblance, m’aura-t-elle en même temps montré la descendance directe ? L’unité de plan, oui ; et, ce faisant, elle m’aura fourni une fois de plus son contrôle scientifique à un axiome depuis longtemps formulé par l’Église et devenu article de foi. Aura-t-elle fait quelque chose de plus ? Cela ne m’apparaît pas nettement.

Tant que le diable reste sur le terrain anatomique, il se donne des airs de triomphe ; et aux documents anatomiques qu’il accumule devant moi, s’il ne peut me prouver ce qu’il avance, je n’ai à lui opposer, pour le moment, que ce mot bien connu : « Tu es le père du mensonge ». Il récuse, d’ailleurs, le témoin que je lui présente, l’Église catholique ; il ricane, quand je lui parle foi. En cela, en tant que diable, il est dans son rôle.

Laissons-lui ce court instant de triomphe fictif ; la roche tarpéienne, pour lui aussi, est proche du Capitole, et, ici encore, ce système nerveux, ce cerveau que nous avons étudié à propos de l’hystérie, va lui servir de marchepied pour se précipiter lui-même dans l’imbécillité qui est un de ses domaines.

Voici comment l’anthropologie résume la première partie de son argumentation ; voici comment sur un os, trois muscles, un nerf et deux angles, elle échafaude sa théorie :