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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/786

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moment où l’on rit le plus des diableries du moyen-âge que Satan reparait plus audacieux que jamais, réorganisant son culte sacrilège et recommençant déjà au grand jour ses possessions. N’est-ce pas frappant ?

Mais voici une autre lettre, tout aussi explicite que celle dont je viens de donner un extrait. Celle-ci émane d’un prêtre éminent, témoin, lui aussi, de faits diaboliques, d’un exorciste aguerri contre Satan. Cette lettre m’est arrivée d’un autre bout de la France. On le voit, l’opinion est la même de tous les côtés.

Je cite encore, en abrégeant :

« Monsieur, je ne puis que vous féliciter du courage que vous déployez et avec lequel vous dévoilez la franc-maçonnerie, et je demande à Dieu de vous aider et de vous protéger.

« Je lis votre récit avec d’autant plus d’intérêt, que depuis sept ans je m’occupe spécialement des questions diaboliques, ayant à soutenir et à exorciser plusieurs personnes possédées par les démons.

« On passe pour exalté quand on parle de ces choses-là ; mais peu de personnes, même parmi les prêtres, soupçonnent combien l’action du démon est fréquente à notre époque et quelle large part ce monstre prend aux affaires humaines.

« Avec ce que j’ai vu, dans les cas que j’ai rencontrés, et ce que la théologie nous enseigne, il est facile d’expliquer tous ces phénomènes que vous rapportez, et pas un de ceux que j’ai lus jusqu’ici ne m’a étonné.

« Cette pauvre Sophia est une possédée, c’est évident ; ces fakirs et presque tous les personnages que vous citez ont pour moi des signes de possession certains.

« À vous dire tout ce que je pense, je me demande comment vous-même vous avez pu échapper à l’action diabolique, ou au moins à la vengeance du « grappin ». Vous avez eu une protection toute spéciale de Dieu.

« Je serais heureux si vous pouviez me dire si, dans votre enquête, vous n’avez pas trouvé quelque part le démon Cerbère. Je tiens enfermé, dans le corps d’une pauvre et sainte fille, un démon puissant qui me parait être celui-là. Si c’est lui, vous n’avez certainement pas dû le rencontrer… »

J’interromps ici cette lettre, pour montrer combien l’exemple que cite mon honorable correspondant est significatif. Il avait, on le voit, affaire à un démon qui refusait obstinément de dire son nom, et a divers indices il avait soupçonné Cerbère.

Or, l’exorciste ne se trompait pas. Je n’ai jamais, en effet, rencontré Cerbère au cours de mon enquête. Mais, d’autre part, je savais à quoi