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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/790

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plus lumineuse, contiennent en abrégé tout ce que la tradition chrétienne et l’Église nous apprennent sur cette matière.

Voici donc comment le grand évêque expose la puissance naturelle des démons :


Qu’il y ait dans le monde un certain genre d’esprits malfaisants, que nous appelons des démons, outre le témoignage évident des Écritures divines, c’est une chose qui a été reconnue par le consentement commun de toutes les nations et de tous les peuples. Ce qui les a portés à cette créance, ce sont certains effets extraordinaires et prodigieux qui ne pouvaient être rapportés qu’à quelque mauvais principe et à quelque secrète vertu dont l’opération fût maligne et pernicieuse.

Les histoires grecques et romaines nous parlent en divers endroits de voix inopinément entendues, de plusieurs apparitions funèbres arrivées à des personnes très graves, et dans des circonstances qui les rendent très assurées ; et cela se confirme encore par cette noire science de la magie, à laquelle plusieurs personnes trop curieuses se sont adonnées dans toutes les parties de la terre.

Les Chaldéens et les sages d’Égypte, et surtout cette secte de philosophes indiens que les Grecs appellent gymnosophistes, étonnaient les peuples par diverses illusions et par des prédictions trop précises pour venir purement par la connaissance des astres. Ajoutons-y encore certaines agitations des esprits et des corps, que les païens même attribuaient à la vertu des démons, comme vous le verrez par une observation que nous ferons en la dernière partie de cet entretien.

Ces oracles trompeurs, ces mouvements terribles des idoles, ces prodiges qui arrivaient dans les entrailles des animaux, et tant d’autres accidents monstrueux des sacrifices des idolâtres, si célèbres dans les auteurs profanes, à quoi les attribuerons-nous, nous chrétiens, sinon à quelque cause occulte, qui, se plaisant à entretenir les hommes dans une religion sacrilège par des miracles pleins d’illusions, ne pouvait être que malicieuse ? Si bien que les sectateurs de Platon et de Pythagore, qui, du commun consentement de tout le monde, sont ceux qui, de tous les philosophes, ont eu les connaissances les plus relevées et qui ont recherché le plus curieusement les choses surnaturelles, ont assuré comme une vérité très constante qu’il y avait des démons, des esprits d’un naturel obscur et malicieux, jusque-là qu’ils ordonnaient certains sacrifices pour les apaiser et pour nous les rendre favorables.

Ignorants et aveugles qu’ils étaient, ils pensaient éteindre par leurs victimes cette haine furieuse et implacable que les démons ont conçue contre le genre humain !… Et l’empereur Julien l’Apostat, lorsque, en haine de la religion chrétienne, il voulut rendre le paganisme vénérable, voyant que nos pères en avaient découvert trop manifestement la folie, s’avisa d’enrichir de mystères son impie et ridicule religion : il observait exactement les abstinences et les sacrifices que ces philosophes avaient enseignés ; il voulait les faire passer pour de saintes et mystérieuses institutions, tirées des vieux livres de l’empire et de la secrète doctrine des Platoniciens.

Or, ce que je vous dis ici de leurs sentiments, ne vous persuadez pas que ce soit pour appuyer ce que nous croyons par l’autorité des païens. À Dieu ne