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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/796

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qui meurt ; c’est un corps spirituel qui ressuscite. — Il est vrai, mais c’est cependant le même corps, quant à la substance, et cela suffit pour que l’on conclue que la fluidité la plus subtile n’est pas contraire à l’essence des corps. Et ce serait en vain qu’on voudrait tirer argument de la transformation, de l’épuration dont le corps est l’objet par sa décomposition même, selon la parole du même apôtre ; Seminatur in corruptione, surget in incorruptione. En effet, le corps de Notre-Seigneur, en tout semblable aux nôtres, n’a point passé par la corruption du tombeau il est ressuscité intègre, et cependant il sortit du tombeau scellé à travers la pierre, sans rompre les sceaux que les Juifs avaient apposés, et il apparut plusieurs fois à ses apôtres réunis, les portes étant fermées.

« Or, rien ne nous permet d’affirmer que ce miracle dépasse les forces angéliques.

« Nous en dirons autant des fakirs de l’Inde, qui restent des mois et parfois des années dans un état de mort apparente, enfermés hermétiquement dans un sépulcre, et qui reviennent ensuite à la vie. Quelque prodigieuse que soit cette suspension de la vie, la nature nous en offre des exemples dans un grand nombre d’animaux inférieurs qui se dessèchent, semblent morts, et qui revivent dès qu’ils se retrouvent dans les conditions requises pour que leur vie se manifeste. »

Voilà certes un excellent commentaire, et le théologien érudit qui a écrit ces lignes est un écrivain ecclésiastique faisant autorité. Voilà quelqu’un, qui possède à fond la doctrine de l’Église ; sa démonstration est remarquable par la précision et la netteté, et elle aboutit à prouver, en somme, que ceux d’entre les catholiques, qui de parti-pris, haussent les épaules quand s’agite devant eux la question du surnaturel démoniaque, des prestiges diaboliques, y compris les cas, de possession, ont tort, grandement tort.


Mais, après la dissertation savante et probante, passons à la preuve directe par les faits.

Mon ouvrage est surtout consacré à l’action de Satan au dix-neuvième siècle ; cela est entendu, et, dans ce chapitre, j’étudierai plusieurs cas de possession contemporains.

Néanmoins, je ne dois pas perdre de vue que j’aborde en ce moment la question la plus audacieusement niée par la médecine matérialiste ; je ne dois pas oublier que le scepticisme à l’égard de la possession et des phénomènes surnaturels dus à la puissance des démons, a envahi, en ce siècle de foi chancelante, même l’âme de certains prêtres.

Il me faut donc avant tout, — et exceptionnellement dans ce chapitre, — remonter au-delà de notre époque, pour accumuler les preuves frap-