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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/860

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« Françoise Fillastreau a quatre démons : Sonnillon, des Trônes, qui réside dans le cerveau à la partie antérieure ; Jabel, des Archanges, qui va et vient par toutes les parties du corps ; Buffetison, des Puissances, qui réside au-dessous du nombril ; Queue-de-Chien, des Archanges, qui réside en l’estomac.

« Léonie Fillastreau, sa sœur, a trois démons : Esron, des Trônes, qui réside dans la partie antérieure du cerveau ; Luther ; et Lucian.

« Susanne Amou est possédée par Roth ; Marthe Thibault, par Bébémoth ; Jeanne Pasquier, par Lezear.

Séculières maléficiées :

« Madeleine Beliard a trois feuilles de roses, gardées en l’estomac ; Marthe Thibault a une goutte d’eau en l’estomac, gardée par Béhémoth.

« Les démons auxiliaires qui ne possèdent ni n’obsèdent, et qui ont été nommés anges gardiens de Grandier et ses messagers, sont : Barberith, Chérubin ; Carreau ; Grelet ou Grelier ; Rebat, des Anges ; Luret, des Trônes ; Legret, Ange ; Baruch.

« Belzébuth est venu souvent, selon le rapport des autres démons, tant pour fortifier Grandier, que pour fortifier les possédées. Luciferon est aussi venu à l’aide de Charbon-d’Impureté, dans le corps d’Isabelle Blanchard, et avait sa résidence au-dessous du cœur. »


Telle était l’armée que les ursulines accusaient Grandier d’avoir à ses ordres, et de déchaîner contre elles par ses sorcelleries et maléfices ; et leur accusation était bien fondée, comme on va le voir par la suite.

Dès le printemps de 1632, le bruit courait que des choses étranges se passaient dans le couvent des Ursulines. Les religieuses, disait-on, quittaient leur lit la nuit, comme des somnambules, pour parcourir la maison et grimper sur les toits. Elles se plaignaient elles-mêmes d’être visitées la nuit par des spectres ; l’un d’eux avait parlé à une jeune sœur en termes obscènes ; d’autres avaient été frappées dans l’obscurité et montraient les marques des coups. Bientôt elles sentiront toutes, plusieurs fois de jour et de nuit, « sur soy des touchements de personnes invisibles et se trouvèrent cent fois dans l’horreur de ces visions épouvantables. »

Le chanoine Mignon, leur directeur, mis au courant de ces particularités, s’en émut, et songea à y remédier.

« Messire Mignon, dit le père Surin, jugea bien que cette affaire était un maléfice donné aux religieuses ; et quoi qu’il n’eut pas bonne opinion de Grandier, néanmoins il ne lui vint jamais dans l’esprit de le soupçonner capable d’une si méchante action. Il pria le curé de Chinon,