Aller au contenu

Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

double triangle se pend sur la poitrine, au moyen d’un petit cordon blanc et noir passé au cou ; on tient le pentagramme de la main droite. On éteignit le dernier flambeau, et l’on apporta, pour nous éclairer, une lampe de forme bizarre, garnie d’essence et laissant échapper neuf flammes par groupes de trois ; c’est la lampe magique ; on la plaça sur un petit autel de forme pentagonale. On apporta encore les autres instruments indispensables, paraît-il, pour ces sortes d’opérations, baguette et épée, de forme spéciale ; la baguette fut remise au grand-maître ; on m’offrit l’épée, mais je déclinai l’honneur de co-présider à l’évocation, et ce fut le frère Campbell qui accepta avec joie l’instrument mystérieux. Enfin, un trépied fut placé au centre du temple, et la véritable cérémonie commença.

L’appel débuta par des consécrations de l’air, du feu, de l’eau et de la terre. Pour celle de l’air, le grand-maître fakir souffla du côté des quatre points cardinaux. Pour celle de l’eau, il étendit les mains sur un petit baquet rempli d’eau, que tenait le frère Campbell, et dans lequel il jeta du sel et de la cendre. Pour celle du feu, il présenta au frère Campbell une cassolette garnie de braise, sur laquelle celui-ci jeta du sel, de l’encens, de la résine blanche et du camphre. Pour la consécration de la terre, le grand-maître aspergea le sol, tout autour du trépied, avec quelques gouttes de l’eau du baquet et souffla trois fois sur le feu de la cassolette.

Pendant ce temps, les assistants, chacun tenant à la main, bras tendu, le pentagramme en métal, en dirigeaient une des pointes vers le trépied. C’est sur ce trépied que l’esprit doit apparaître tout à coup, assis.

Le grand-maître fit encore des exorcismes qui se prononcent en latin ; je fus vraiment étonné de voir cet Indien s’exprimer dans cette langue avec une correction parfaite.

Puis, on passa aux oraisons, le grand-maître et le frère Campbell alternant. Ces oraisons sont au nombre de quatre. On les dit dans la langue du pays ; mais elles ne varient pas ; je les ai toujours entendues identiques, et je les ai copiées dans un rituel que je me suis procuré, lorsque ma fermeté à subir une certaine épreuve des serpents, qui sera racontée dans un prochain chapitre, me fit conférer honorifiquement, par le délégué du chef suprême Albert Pike, le grade de Hiérarque du Palladium Réformé Nouveau.

Voici textuellement, en français, ces quatre oraisons qui précèdent

    me devient si clair ! je vois dans ces simples traits la nature active se révéler à mon âme !… Aujourd’hui, pour la première fois, je comprends la vérité de cette parole du sage : « Le monde des esprits n’est pas fermé !… » Ton sens était obtus, ton cœur était mort. Debout !… Baigne, ô adepte de la science magique, ta poitrine, encore enveloppée d’un voile terrestre, dans les splendeurs du jour naissant ! » (Faust. 1re partie. Scène 1.)