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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/942

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le témoigner. Pendant la possession, la bénédiction avec la Croix faisait tomber l’enfant dans une explosion de fureur ; après la guérison, il montra le plus grand respect pour le Saint-Sacrement. Durant la possession, il courait dans les bois, autour du pays, comme un animal sauvage, une grande partie de la journée, et tout le monde le fuyait. Maintenant il se plaît dans la solitude, et tout le monde l’aime.

Le bruit de cet événement se répandit dans toute la contrée. Catholiques et protestants écoutaient étonnés cet événement qui tient du miracle. L’enfant, en effet, était connu à dix lieues à la ronde, et personne n’a osé s’élever contre ces faits. Seul un parfait incrédule pourrait le faire. Quiconque viendrait nier de nos jours l’existence de la possession avouerait par là qu’il méconnaît l’enseignement de l’Église catholique. Celui-là croira à la possession, le jour où il sera en enfer entre les mains du diable. Pour moi, j’ai l’autorité de deux évêques.

Depuis le 3 août 1891, d’après les rapports du père et du fils, tout est normal chez cet enfant. Il visite maintenant avec amour et en catholique l’église catholique, prie avec ferveur, apprend bien à l’école, — au cours de la possession il ne pouvait les fréquenter, — et fait la joie de ses parents. Dans les trois premiers jours qui suivirent l’expulsion du démon, il se passa des choses effrayantes dans la maison des parents : on croyait à chaque instant que la maison allait s’écrouler. Mais le quatrième jour, la tranquillité revint et elle existe encore. Le jour de l’Assomption de Marie, le père est venu avec son fils pour me remercier encore une fois. Mon cœur était content de voir cet enfant en pleine santé ; car la possession l’avait beaucoup fait maigrir.

Ce rapport a été écrit par le P. Aurélian qui chassa le démon, en éternel souvenir, pour les archives de la province d’Altœtting aussi bien que pour les archives du cloître de Wemding.

Wemding, le 15 août 1891.
P. Aurélian, capucin.


Voilà donc une première preuve de ce que les possessions ont encore lieu de nos jours, comme elles se sont produites de tout temps ; et voilà un témoignage qui ne saurait être récusé par aucun bon catholique.

Plus récemment encore, un autre cas de possession s’est produit aux portes mêmes de Paris, et a été porté à la connaissance du public par les indiscrétions de la presse. Je pourrais en citer bien d’autres, dont l’historique complet m’a été communiqué par les exorcistes ; mais ces communications m’ont été faites à titre confidentiel. Par le temps qui court, vu l’incrédulité irréligieuse qui sévit et qui est devenue officielle presque partout, l’Église, ayant les bras liés par le pouvoir civil, est tenue à une très grande réserve. Il ne faut pas perdre de vue, en effet, que les Salpêtriers ont réussi à imposer leurs idées impies, et que la presse anticatholique est toujours aux aguets, cherchant le scandale et ne laissant échapper aucune occasion pour ameuter contre le clergé la multitude ignorante ; on l’a vu à propos des exorcismes de Gif, auxquels je viens