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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/962

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J’ai gardé pour la fin un argument décisif, qui, j’aime à le croire, frappera tous les esprits impartiaux, même ceux des gens qui ne croient pas ou ne croient plus au surnaturel. Je m’adresse donc ici aux personnes qui veulent à tout prix confondre l’hystérie et la possession, et je leur dis :

Selon l’enseignement de l’Église, le diable peut, avec la permission de Dieu, attaquer, battre, faire souffrir un homme ; mais il n’a pas le droit de le tuer, il ne peut disposer de sa vie. Même dans le cas où un fanatique du mal se donne corps et âme au démon, le libre arbitre reste intact pour ce malheureux, à qui il est toujours loisible de se reprendre dans un élan de contrition parfaite et par l’effet de la grâce divine.

Évidemment, à l’heure de la destinée fixée par Dieu seul, au moment suprême, Satan, qui sait que de cet instant solennel dépend l’éternité pour le moribond, met enjeu toutes ses ressources, perfides ou violentes, pour conserver à jamais une âme qui s’est donnée à lui ; et rien n’est plus effroyable que l’agonie d’un possédé actif pactisant. Le maudit lutte alors avec la dernière énergie pour empêcher la lumière de se faire dans cette conscience pleine de ténèbres ; si, malgré ses efforts, une lueur parait, si une tendance au repentir se manifeste, il essaiera d’arrêter, à la gorge de l’agonisant, le cri de : Pardon, ô mon Dieu !… Mais ce cri sauveur, le pactisant pourra quand même le pousser, au fond de son cœur.

À plus forte raison, le diable est impuissant, s’il ose tenter d’abréger les jours d’un homme dont il s’est emparé sans son consentement, c’est-à-dire d’un possédé passif. Il fera son jouet de ce-corps humain où il est entré, où il s’est établi, sans avoir été sollicité par la victime ; il lui infligera mille tortures, comme nous l’avons vu dans les crises démoniaques, de tous les possédés et possédées quoique. Mais, puisque Dieu est seul maître de notre existence, le possédé, qui ne s’appartient plus, qui est la chose du démon, accomplit les actes surnaturels les plus étonnants, souffre corporellement au plus haut degré dans certains cas, mais ne se suicide pas, ne se suicide jamais ; car le suicide du possédé passif équivaudrait à un meurtre direct par Satan, ce qui serait contraire à la doctrine de l’Église.

Eh bien, c’est là un fait constaté, et l’expérience confirme victorieusement la doctrine de l’Église, en démontre la vérité d’une façon éclatante. Les faits sont là, il est impossible de les nier. On ne cite pas un seul cas de possession qui se soit terminé par un suicide. Et c’est vraiment là une merveille, qui est en même temps une preuve de premier ordre.

Au contraire, dans l’hystérie, comme dans la folie, les suicides se produisent ; il en existe des exemples, même assez nombreux. Certes, l’hys-