Page:Taxil, Révélations complètes sur la franc-maçonnerie, Les frères Trois-Points, 1886, tome 1.djvu/19

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j’ai prêté le serment de ne rien révéler sur la Franc-Maçonnerie, et qu’en publiant cet ouvrage, je viole aujourd’hui ce serment.

Je pourrais répondre que Notre Très Saint Père le Pape, en daignant lever les censures ecclésiastiques prononcées contre moi à l’époque de mes scandales, m’a en même temps et par le même fait, délié de tout serment impie prêté à l’esprit du mal. Les catholiques qui me liront savent tous qu’une promesse faite dans un but mauvais, dans un dessein coupable est nulle et sans valeur par elle-même.

Mais je n’écris pas uniquement pour les catholiques. Mon ouvrage, j’en suis bien sûr, sera lu aussi par des francs-maçons, et dans le nombre il s’en trouvera qui ignorent à quel point les chefs secrets de la société usent et abusent d’eux. Il sera lu encore par bon nombre de libres-penseurs qui, pour n’être pas inféodes à la secte, n’en sont pas moins, dans leur centre particulier d’action, hostiles à la Papauté et à l’Église. Mon but, en dévoilant les mystères maçonniques jusqu’aux plus hauts grades, est d’arrêter ceux qui seraient tentés de s’affilier à la ténébreuse association et de décider à en sortir, par un suprême effort, les quelques malheureux encore honnêtes qui s’y sont égarés. Or, pour ceux-ci comme pour ceux-là, il m’est indispensable d’établir que, bien avant d’être délié de mon serment maçonnique par Sa Sainteté le Pape Léon XIII, je l’étais par la Franc-Maçonnerie elle-même.

Le serment de l’initiation maçonnique est double : d’une part, le récipiendaire s’engage à ne jamais divulguer les secrets de la société ; d’autre part, la société s’oblige à aider et protéger en toute occasion le recipiendaire. « Tous les maçons, dit au néophyte le Vénérable, parlant au nom de l’association, voleront à votre secours dans les circonstances difficiles où vous