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Page:Taxil, Révélations complètes sur la franc-maçonnerie, Les frères Trois-Points, 1886, tome 2.djvu/413

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lecture. C’est une sorte de déclaration prophétique qui réjouira le cœur de tous les bons Maçons présents dans ce temple.

Et notre homme lut ainsi le billet à l’assemblée.

— « À la gloire du Grand Architecte de l’Univers !… Despotisme écrasé !… Mensonge anéanti !… Ignorance néfaste supprimée !… Orient illuminé resplendira nouveaux et universels feux !… Hiram existera, unanimement reconnu et souverain ; car Adonaï, finissant échec à notre gloire, lui accordera infinie soumission !… Salut et affection dans l’unité paisible des nombres sacrés ! »

Il ajouta.

— Cette planche mystique, mes Frères, a pour auteur un 18e dont je n’ai pas pu déchiffrer la signature… Mais qu’importe ! Vous avez tous compris l’admirable enseignement de ce vrai Maçon, de ce Parfait Maître… Sa modestie le dérobe a nos félicitations. Du moins, saluons sa belle inspiration symbolique par une triple batterie.

On applaudit donc à trois reprises et l’on poussa le triple houzé.

La planche mystique fut déposée aux archives de la Loge.

Au bout de quelque temps, le Secrétaire, ayant examiné le document avec plus de soin que le Vénérable, découvrait que les lettres figurant entre les deux formules consacrées n’avaient nullement besoin d’être traduites. À partir de la dixième lettre, il n’y avait qu’à lire couramment jusqu’au salut maçonnique de la fin. Et ce qui était écrit, sans autre voile que les trois points multipliés au milieu des lettres, c’était ce très profane rendez-vous :

— Demain soir, neuf heures, Café Anglais.

Retirée aussitôt des archives, la planche mystique passa de mains en mains parmi les Frères de la Loge. On finit par y reconnaître l’écriture d’un certain F∴ Edmond R…, qui, depuis quelque temps, négligeait beaucoup la Maçonnerie et que le Vénérable, avec qui il avait lié connaissance, s’efforçait de ramener au culte du Grand Architecte.

Bien entendu, la nouvelle traduction du document ne fut pas communiquée au Vénérable, qui ignora ainsi tout son bonheur ; sans cesse interrogé dès lors sur la santé de son épouse, il acquit bientôt la conviction qu’il n’avait jamais été aussi populaire parmi les membres de son Atelier.

Si je ne m’étais pas promis de ne toucher à la vie privée