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Page:Taxil, Révélations complètes sur la franc-maçonnerie, Les frères Trois-Points, 1886, tome 2.djvu/447

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formait l’avant-garde. Parmi les habitants de l’autre rive, auxquels je m’adressai pour obtenir des renseignements, un homme d’une belle figure et d’une stature colossale, attira surtout mon attention. Il portait les vêtements d’un muletier, qui contrastaient singulièrement avec son port majestueux, et il répondait à toutes mes questions avec une précision et une clarté qui dénotaient une grande présence d’esprit. Tout son extérieur avait quelque chose de chevaleresque. Je le donnai à un officier de l’état-major comme guide à travers les montagnes. Dès le soir du même jour, j’appris que ce guide avait tenté d’égarer une colonne ; on conçut des soupçons et l’on découvrit sous ses vêtements des instructions secrètes données par le général espagnol Cuerta. Je me rendis dans son cachot. Il avait été condamné à mort et se montrait résigné. Il me demanda seulement tout ce qui était nécessaire pour écrire à sa femme et à ses enfants. Son nom était Santa-Croce. Après quoi, il me prit la main, fit l’attouchement maçonnique, et, lorsqu’il eut reconnu que j’étais un Frère, il me donna le nom de libérateur. Je m’adressai ensuite à mon major, le baron Jamin, à qui je décrivis en termes chaleureux ce qui venait de se passer, et j’eus le bonheur d’exciter ses sympathies. « Suivez-moi, me dit-il, allons trouver le général Barrois, et songeons aux moyens de sauver ce malheureux. » Je répétai mon récit au général. Celui-ci (qui était Maçon) s’empressa de se rendre auprès du maréchal Victor, de chez qui il revint bientôt en nous annonçant que l’Espagnol n’aurait pas dû être jugé par un conseil de guerre et qu’on devait le considérer comme un prisonnier ordinaire.

« Quelque temps après, je lus avec joie dans un journal anglais : « Au nombre des Espagnols qui ont rendu les plus éminents services à leur patrie, il faut