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Page:Taxil - Confessions d'un ex-libre-penseur - 1887 - Letouzey et Ané - 6e édition.djvu/226

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tion flagrante attira mon attention, je fis des recherches, et je découvris bientôt la vérité. Mais alors l’édition était sous presse, et, tout bien examiné, je me dis qu’il était de bonne guerre de tromper le public du dix-neuvième siècle, en suivant l’exemple de Voltaire qui avait trompé le public du dix-huitième.

Le curé Meslier est donc une invention de Voltaire ; ou, du moins, c’est Voltaire qui l’a mis en vogue. L’idée première fut de l’ami Thiériot.

Thiériot pensa que la religion recevrait un coup terrible, si l’on publiait un ouvrage impie en le donnant comme ayant pour auteur un curé de campagne. Il s’agissait, afin de réussir, de présenter l’œuvre comme posthume, le prêtre-écrivain n’ayant pas osé causer un tel scandale pendant sa vie.

Voltaire goûta fort l’idée de Thiériot ; toutefois, il eût voulu mettre en scène, non un curé vulgaire, mais bel et bien un évêque.

« Quel est donc ce curé de village dont vous me parlez ? écrivait-il à son complice, le 30 novembre 1735. Il faut le faire évêque du diocèse de Saint-Vrain ! » (Œuvres complètes de Voltaire, 2e volume de la correspondance, page 555).