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Page:Taxil - Confessions d'un ex-libre-penseur - 1887 - Letouzey et Ané - 6e édition.djvu/357

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n’était qu’extérieur. J’étais pris pour confident par mes collègues. On m’apprenait qu’à raison de ceci ou de cela on était obligé soit de se marier religieusement, soit de faire baptiser son enfant, soit de lui faire faire la première communion, et l’on me suppliait de n’en rien dire. Je n’étais pas capable de trahir ces braves gens qui me confiaient leur secret et que je plaignais de tout mon cœur ; mais ces aveux multipliés me donnaient fort à réfléchir. C’était souvent des chefs des groupes qui se rendaient ainsi à l’église en cachette ; il y eut même un mariage religieux au sein de la Commission Centrale de la Ligue, mariage que je fus seul à connaître et dont je fus très contrarié.

— Ah ! ça, me disais-je, elle est donc plus forte que tout, cette vieille croyance, pour que ceux que je pensais les plus fermes y sacrifient malgré nos statuts, dans les moments solennels !

Et, afin de m’étourdir, je poussai mon impiété à l’extrême.

C’est ainsi que j’avais organisé, avec mes amis du Groupe Garibaldi, un bal anti-clérical pour le 3 avril, jour du Vendredi-Saint. Pour tourner en dérision les croyances catholiques, je m’étais travesti en « saint