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Et, le bras tendu, je tenais au bout de la main la soucoupe de ma tasse à café.

— Soit, me répondit-il, ne bougez pas.

Sa femme poussa un cri.

Il haussa les épaules et me répéta :

— Ne bougez pas !

J’étais immobile, confiant dans son adresse. On fait de ces folies-là, quand on est enfant.

Il tira. La soucoupe vola en éclats.

— Bravo ! criai-je.

— Bravo pour vous, jeune homme ! riposta-t-il.

Et il m’embrassa.

Puis, il ajouta, en se tournant vers sa femme :

— En voilà un qui, s’il le faut, saura faire son devoir sur une barricade !

Il me sembla, dès lors, que nous étions liés l’un à l’autre.

M. Leballeur-Villiers ne se trompait pas sur mon compte. À cette époque, avec mon exaltation, j’aurais volontiers donné ma vie pour la république, dans une émeute.

Quant à M. Royannez, il était tout autre. Ventru, la figure large, il avait des allures on ne peut plus paisibles. Cependant, il écrivait dans les journaux des articles dont la vio-