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Page:Taxil - Confessions d'un ex-libre-penseur - 1887 - Letouzey et Ané - 6e édition.djvu/50

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quels offices, réservant exclusivement ce que je gagnerai pour mes frais de route, me rendant ainsi à petites journées vers cette terre promise de mon imagination exaltée, la Belgique.

Je ne me sentais pas le courage d’avouer à mon père que j’avais perdu la foi, et je me préparais à quitter pour toujours ma famille. Explique qui pourra cette anomalie.

Cependant, je n’étais pas seul, à la maison, à lire clandestinement des journaux athées et des brochures révolutionnaires. Mon frère, bien qu’il fût mon aîné, subissait mon influence. Quoiqu’il eût quatre ans de plus que moi, une seule classe nous séparait, au collège. Ainsi, à Mongré, il était en quatrième, quand j’étais en cinquième. Pendant les vacances, nous étions ensemble davantage encore. Nous ne faisions pas une partie de promenade l’un sans l’autre. Sans se passionner autant que moi pour la politique, mon frère avait aussi l’esprit aventureux, et il était devenu mon complice dans la dissimulation dont je me rendais coupable à l’égard de notre pauvre père.

Mon frère accueillit donc volontiers mes ouvertures, et, quand il fut question de fuir