Aller au contenu

Page:Taxil - Confessions d'un ex-libre-penseur - 1887 - Letouzey et Ané - 6e édition.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nant enfin au col de l’Argentière par une région à peu près déserte et des défilés presque inaccessibles.

C’est pourquoi, après avoir passé la matinée à Digne, nous prîmes la diligence de Barrême. Seulement, pour éviter de séjourner dans ce chef-lieu de canton, nous fîmes halte en un maigre hameau d’une quarantaine d’habitants, appelé Norante.

Nous étions là en pleines montagnes. Le site nous charma. Une lutte s’engagea, en nous, entre deux désirs contraires : d’une part, nous avions hâte de nous trouver en Italie ; d’autre part, nous éprouvions le besoin de respirer encore le plus possible notre bon air de France.

Il fut donc décidé que nous demeurerions à Norante jusqu’au jeudi et qu’ensuite nous partirions pour ne plus nous arrêter.

Il n’y avait pas d’hôtellerie, à Norante, comme bien on pense ; mais une famille de cultivateurs avait consenti à nous héberger. Ces braves gens, à qui nous avions conté une histoire quelconque, se nommaient Féraud, si j’ai bonne mémoire.

Le jeudi, 22 octobre, tandis que nous revenions de vagabonder à travers les collines, on