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Page:Taxil - Confessions d'un ex-libre-penseur - 1887 - Letouzey et Ané - 6e édition.djvu/75

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donner, au cours de ce chapitre, une description de Mettray. Je ne l’ai pu, pour une bonne raison : c’est que je n’ai jamais vu l’établissement. Je sais que Mettray est une colonie agricole, peuplée de jeunes détenus, enfants coupables ayant passé en correctionnelle pour un délit, mais acquittés comme ayant agi sans discernement. Les colons, employés à des travaux d’agriculture dans une propriété qui a plus de deux cents hectares, jouissent d’une liberté relative et apprennent, selon leurs aptitudes, tel ou tel métier. Mais, en ce qui me concerne, je ne fus pas, une seule minute, classé parmi les colons.

J’ignore si les instructions données par mon père avaient été outrepassées. Quoi qu’il en soit, depuis le premier instant de mon arrivée jusqu’au moment de ma sortie, j’ai été en cellule, dans la partie de l’établissement qu’on appelle, si j’ai bonne souvenance, le quartierde punition. Le réduit était on ne peut plus étroit. Je n’avais pas même un lit, mais un sac garni de paille et suspendu à deux crochets aux murs, à la façon des hamacs. Le jour était donné par une petite fenêtre grillée très haute, à laquelle il était impossible d’atteindre. La nourriture seule, je l’ai dit, ne laissait pas