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Page:Taxil - Confessions d'un ex-libre-penseur - 1887 - Letouzey et Ané - 6e édition.djvu/78

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et se réjouissait. Mon père, lui, ne voyait que l’abîme dans lequel je m’enfonçais chaque jour davantage, et des sanglots lui montaient à la gorge.

S’il tentait une observation, je levais le doigt et montrais une immense pancarte que j’avais placée sur le mur de ma chambre.

Sur cette grande pancarte blanche, il n’y avait qu’un mot en colossales lettres noires, entourées de rouge : METTRAY.

Et partout, j’inscrivais ce nom fatal ; partout, les yeux, humides de larmes, de mon père le rencontraient.

À table, il me servait de réplique et de réponse à tout.

Mettray ! Mettray !… Cela sonnait comme un glas funèbre, le glas de mon âme perdue et de mon cœur brisé.

Au mois de mars de cette même année, un Père jésuite, de la Mission-de-France, directeur du Cercle Religieux dont mon père faisait partie, eut l’occasion d’aller à Rome.

Mon père le pria de remettre une supplique au Souverain Pontife. Ne suivant, cette fois, que sa propre inspiration, le pauvre cher papa avait recours à la prière, la vraie bonne arme contre Satan.