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Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/87

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– Laissez-moi ! cria-t-il d’une voix qui n’était pas la sienne, et il devint tout rouge, et son corps se mit à trembler. Sortez ! Sortez d’ici, tous deux !

Michel Avériânytch et Khôbotov se levèrent et le regardèrent d’abord avec stupeur, puis avec effroi.

– Sortez tous les deux ! continua à crier André Efîmytch. Imbéciles ! Ânes ! Je n’ai besoin ni de ton amitié, ni de tes remèdes, idiot ! C’est stupide ! c’est dégoûtant !

Khôbotov et Michel Avériânytch, déconcertés, effarés, se regardèrent, reculèrent vers la porte, et sortirent dans le couloir. André Efîmytch prit son flacon de bromure et le lança de leur côté. Le flacon se brisa sur le seuil avec bruit.

– Allez au diable ! leur cria-t-il, d’une voix pleurante, accourant derrière eux. Au diable !

Ses hôtes partis, André Efîmytch, tremblant comme un fiévreux, s’étendit sur son divan et répéta encore longtemps :

– Imbéciles !… Idiots !…

Dès qu’il se fut calmé, il songea combien le pauvre Michel Avériânytch allait être embarrassé maintenant avec lui, et quel poids il aurait sur l’âme. Et il songea combien tout cela était affreux ! Jamais il ne lui était arrivé rien de semblable. Où donc avait-il eu la tête ? Qu’étaient devenues sa politesse, sa compréhension des choses et sa sérénité philosophique ?