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Page:Teleny, or The Reverse of the Medal, t. II.djvu/170

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qui me rongeait le cœur, je commençais à répondre aux lettres et aux télégrammes, ou à donner les instructions nécessaires pour qu’on y réponde. Je travaillais fébrilement, plus comme une machine que comme un homme. Pendant quelques heures, je fus complètement absorbé par des transactions commerciales compliquées, et tout en travaillant et comptant correctement, le visage de mon ami, avec ses yeux endeuillés, sa bouche voluptueuse avec son sourire amer, était toujours devant moi, tandis qu’un arrière-goût de son baiser restait encore sur mes lèvres.

L’heure de la fermeture du bureau arriva, et pourtant je n’avais pas encore accompli la moitié de ma tâche. Je voyais, comme dans un rêve, les visages tristes de mes commis retenus par leurs dîners ou leurs plaisirs. Ils avaient tous un endroit où aller. J’étais seul, même ma mère était absente. Je les ai donc fait partir en leur disant que je restais avec le chef comptable. Ils ne se le firent pas dire deux fois ; en un clin d’œil, les bureaux furent vides.

Quant au comptable, c’était un fossile commercial, une sorte de machine à calculer vivante ; il avait tellement vieilli dans le bureau que tous ses membres grinçaient comme des charnières rouillées chaque fois qu’il bougeait, si bien qu’il