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Page:Teleny, or The Reverse of the Medal, t. II.djvu/32

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traversaient la rue, essayant de me séduire par tout ce qui est nauséabond.

Je me précipitais, le cœur malade, déçu, me haïssant moi-même et mes semblables, me demandant si je valais mieux que tous ces adorateurs de Priape endurcis par le vice. Je me languissais de l’amour d’un homme qui ne se souciait pas plus de moi que de n’importe lequel de ces sodomites.

Il était tard dans la nuit, et je marchais sans savoir exactement où mes pas me conduisaient. Je ne devais pas traverser l’eau pour rentrer chez moi, qu’est-ce qui me poussa à le faire ? Quoi qu’il en soit, je me retrouvai soudain au beau milieu du pont, le regard perdu dans l’espace ouvert devant moi.

La rivière, comme une artère argentée, séparait la ville en deux. De part et d’autre, d’immenses maisons obscures émergeaient de la brume ; des dômes flous, des tours sombres, des flèches vaporeuses et gigantesques s’élevaient, frémissantes, jusqu’aux nuages, et s’évanouissaient dans le brouillard.

En dessous, je pouvais percevoir l’éclat de la rivière froide, morne et querelleuse, qui coulait de plus en plus vite,