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Page:Teleny, or The Reverse of the Medal, t. II.djvu/77

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racheter ; elle n’est plus ce que le monde appelle un lys pur, sans tache, immaculé, et n’ayant en elle la ruse du serpent, la société, les chastes lys, la marqueront d’un nom infâme ; les débauchés la reluqueront, les purs s’en détourneront avec mépris. Pourtant, la jeune fille regrette-t-elle d’avoir cédé son corps à l’amour, la seule chose qui vaille la peine d’être vécue ? Que les “têtes froides et les cœurs tièdes”[ws 1] m’accablent de leur colère s’ils le veulent.

Le lendemain, lorsque nous nous retrouvâmes, toute trace de fatigue avait disparu. Nous nous précipitâmes dans les bras l’un de l’autre et nous nous étouffâmes de baisers, car rien n’incite plus à l’amour qu’une courte séparation. Qu’est-ce qui rend les liens du mariage insupportables ? La trop grande intimité, les soucis sordides, les futilités de la vie quotidienne. La jeune mariée doit vraiment aimer si elle ne ressent aucune déception lorsqu’elle voit son compagnon à peine réveillé d’une crise de ronflement pénible, minable, mal rasé, avec un appareil dentaire et des pantoufles, et qu’elle l’entend se racler la gorge et cracher, car les hommes crachent vraiment, même s’ils ne se permettent pas d’autres bruits malsonnants.

  1. Note de Wikisource, cf. Laurence Sterne, A sentimental journey through France and Italy, vol I, éd. London, 1769. Trad. Voyage sentimental, éd. Bastien, 1803 p. 154 Voyage sentimental.