Aller au contenu

Page:Thackeray - La Foire aux vanites 1.djvu/295

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

milieu de hoquets redoublés, qu’il était l’ami du capitaine, à la vie, à la mort.

Ainsi que nous l’avons vu, le capitaine Dobbin, en prenant congé de miss Osborne, lui avait demandé la permission de se présenter de nouveau. Le jour suivant, cette jeune demoiselle passa plusieurs heures à l’attendre, et Dobbin ne vint pas. Peut-être, s’il eût fait cette visite, s’il eût adressé la question pour laquelle elle tenait sa réponse toute prête, peut-être alors, disons-nous, prenant en main la cause de son frère, miss Jane eût-elle réussi à réconcilier George avec un père irrité. Mais son attente fut aussi vaine que celle de ma sœur Anne. Dobbin avait à mettre en règle ses propres affaires ; il avait à consoler ses parents, puis à s’embarquer sur l’Éclair pour aller retrouver ses amis à Brighton.

Dans la journée, miss Osborne entendit son père donner l’ordre de fermer la porte à cet intrigant de capitaine Dobbin, qui se mêlait de tout ce qui ne le regardait pas. Cette parole fit tomber les secrètes espérances de la demoiselle.

M. Frédérick Bullock, d’une exactitude scrupuleuse, se montra fort tendre pour Maria, fort empressé pour l’infortuné père. M. Osborne répétait bien haut qu’il se sentait bien plus à son aise ; mais les moyens qu’il avait pris pour cela paraissaient manquer complétement leur but, et il était visiblement affecté des événements accomplis dans le cours des deux derniers jours.


CHAPITRE XXV.

Où nos principaux personnages se décident à quitter Brighton.


Dès son arrivée à Brighton, Dobbin fut conduit auprès des dames, à l’hôtel de la Marine. Jamais ce jeune officier ne se montra si jovial et si causeur, tant il faisait chaque jour de progrès dans l’art profond d’une hypocrite diplomatie. Il ne laissa rien paraître des sentiments qui l’agitaient pour mieux étudier mistress George Osborne dans sa nouvelle condition. Il ne voulait pas non plus qu’on pût s’apercevoir des appréhensions et